Hier encore je pensais que si des gens ont eu envie de faire un film, c’est qu’il y a des gens qui auront envie de le voir. Et puis j’ai vu Hooligan 3. Hier encore j’avais un pote. Et puis il a vu Hooligan 3. Avec moi. A cause de moi. Je n’arrive toujours pas à m’expliquer ce qui m’a poussé à mettre ce film, à appuyer sur ce bouton. Geste dérisoire aux conséquences irréversibles. Nous n’en étions qu’à notre deuxième bouteille de pinot et à ce stade j’étais encore suffisamment lucide pour savoir qu’un numéro 3 est toujours une aberration. Surtout quand tu ignores qu’il y en a eu 2. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Le fait que mon pote prenne Scott Adkins pour Ben Affleck a sans doute joué. Au départ une simple supposition devant la bouille de l’ectoplasme hormoné puis une conviction de plus en plus affirmée au fur et mesure que l’immonde navet avançait et que le niveau de pinot descendait. Malheureusement pour nous mais heureusement pour lui, ce n’était pas l’impavide Ben. Le générique le confirmait. C’était bien Scott à la patte molle, pissichiant à tous trous* chacune de ses interventions par l’utilisation incontrôlée d’une panoplie d’expression réduite à un seul exemplaire.
Il y a eu un avant et un après. Il y a eu le pinot et le rhum. Il fallait bien ça pour oublier cette succession ésotérique de scène avec beaucoup de queues mais pas beaucoup de tête (il y a 2 femmes en tout et pour tout dans le film : la maman du héros et son recueil à foutre. Je m’étonne d’ailleurs que le cerveau malade à l’origine de cette monstruosité siliconée ne soit pas allé jusqu’à synthétiser ces 2 rôles réduisant ces dames à leur matrice. La bienséance sans respect, c’est un peu comme le sexe sans amour. Une imposture). J’ai bien conscience qu’il faudrait maintenant que je parle du film, que j’argumente davantage mon dégoût en explicitant les incohérences scénaristiques, les interprétations hasardeuses, les castagnes rares et avachies, le cadrage aléatoire…Mais je ne le ferai pas. Certains procès ne méritent pas d’être tenus. La seule question qui agite encore à mon amertume aujourd’hui est celle du traitement de ma vidéophagie non maîtrisée. J’ai en effet enfin pris conscience que, comme son homologue plus aérienne, elle peut laisser des traces indélébiles.
**Expression empruntée à William Burroughs dans Le festin nu.*