Une excellente surprise, à l'époque où j'étais allée voir ce film au cinéma. Notamment d'un point de vue musical, puisque John Williams était à la baguette et mâtinait sa partition de folklore irlandais; il ne pouvait pas me déplaire ! Les vacances de Noël m'ont donné l'occasion de revoir cette histoire que j'avais vue 10 fois à l'époque et plus jamais depuis. Je craignais un peu un vieillissement disgracieux, mais non, le plaisir est intact, grâce à une réalisation classique, un humour plutôt bienvenu, des rebondissements dynamiques, un substrat social sensé, et, surtout, au plaisir de retrouver des acteurs - qui se débattent désormais avec les outrages du temps et les factures de leurs chirurgiens esthétiques - au sommet de leur forme physique. Qu'ils étaient juvéniles et lisses, le Cruise et la Kidman, au temps de leurs premières amours ! Avant que Kubrick ne subvertissent leur histoire dans sa relecture prétendument sulfureuse qui n'a fait que les ridiculiser, quand Horizons Lointains leur offrait un joli écrin lorgnant parfois vers le conte de fée, notamment dans la scène se déroulant dans une maison luxueuse et déserte. Je comprends qu'ils aient eu envie de casser cette image d’Épinal un peu mièvre et certainement très éloignée de ce qu'ils vivaient en réalité, mais je la trouve bien plus cinégénique néanmoins que les élucubrations scabreuses de Eyes Wide Shut. Et puis c'était de mon âge à l'époque. Aujourd'hui, je goûte particulièrement le numéro des parents de Nicole Kidman, qui la suivent au Far West et profitent de leur expérience de la vie pour court-circuiter les règles du jeu d'un capitalisme dévorant qui grignotait joyeusement un territoire qui n'était pas le sien. Mais bon, pas un indien à l'horizon de cette fable enlevée qui fait penser par moment à Titanic et à d'autres à du Dickens. Parfait pour des vacances de Noël, en somme, parce que l'aventure le dispute au moralisme, et que le rêve américain y perd quelques plumes en cours de route pour mieux renaître à la fin, par les mérites personnels des personnages et la force de leurs sentiments. Bref, beau et sauvage comme un conte de Grimm réussi !