Par où commencer? Par le fait que Radcliff est toujours casté pour des films médiocres et que j'aurais du me douter que voir Temple à l'écran plus de 5 minutes allait devoir se payer, et cher?

Je vais commencer par dire que je ne connais pas le livre, je n'en connaissais même pas l'existence avant le générique de fin donc je me contenterais de parler de ce que j'ai vu à l'écran, le film que j'ai vu se dérouler, chaque minute ajoutant à ma consternation et ma confusion.

[SPOILERS]
[et pas un peu hein]
[genre je raconte tout le film, you've been warned]


L'idée de départ me paraissait intéressante, originale et radicale, ouvrant la route à une comédie noire bien sentie - à une réflexion sur le bien le mal, la vengeance et tout ce qui s'ensuit. Si seulement.
Horns, de bout en bout, manque radicalement de la moindre once d'originalité et se contente d'asséner avec un entrain forcené des clichés vieux comme le monde. Il recycle même la ficelle grosse comme une corde d'amarrage, des tourtereaux séparés par l'injustice de la maladie qui frappe toujours la plus pure, la plus innocente et la plus amoureuse de toutes les créatures. Oh mais foutrebleu mais paye ta niaiserie bordel de merde.

Tout n'est pas à jeter, bien sur, bien au contraire. La réalisation ne manque pas de beauté, les images sont magnifiques, les acteurs bien filmés, les plans pertinents, l'enchainement des scènes fluides. Les acteurs eux-même ne sont pas en manque, et Radcliff convaincant - bien que son rôle aurait mérité plus de noirceur, mais nous reviendront là-dessus puisque cela relève du scénario plus qu'autre chose. Il y a aussi un aspect graphique très efficace dans la transformation de Ig, aux symboles du serpent, de la fourche, des cornes bien sur, que je ne critiquerais pas: tout cela fonctionne. On aurait même aimé en voir plus, plus épique, plus kitsh encore. Dernier point positif: la plus grande partie de la BO qui bien que parfois téléphonée - Manson quand Ig déchaine pour la première fois ses pouvoirs "infernaux", franchement?! - colle cependant bien à l'ambiance de l'aspect comédie du film.

Mais voilà.
Un film ce n'est pas qu'une réalisation, de jolies images et un jeu d'acteur.
Et tout le problème du film réside dans l'horreur absolue qui lui sert de scénario.
Par où commencer?

Ig pour des raisons que l'on essaiera d'éclaircir un autre jour acquiert le pouvoir de déchainer les passions négatives des gens avec qui il est en contact, de révéler - apparemment - leur vraie nature, et accessoirement il a des cornes - un détail.
Dans les personnes qui croisent son chemin et sur lesquelles son pouvoir déchaine les pires réactions nous avons :
- la bartender, jeune femme paumée que personne n'a su aimer, qui couche avec tout le monde, boit à fond perdu, se maquille trop et fait de la boulimie.
- une serveuse blonde, qui flirte avec ses clients, et n'a pour seule ambition que d'être jolie, se servir de ses fesses et de son physique pour accéder à la gloire (et Ig l'achève en soulignant sa superficialité et son envie d'être belle, misogynie sublime en pays de patriarcat).
- Un homme faussement macho/vraiment gay au placard - et son collègue flic moustachu également au placard qui finissent par copuler dans une scène qui tourne en dérision l'attirance sexuelle mutuelle de deux hommes.
- Un musicien accro aux drogues, qui peut s'enfiler une dizaine de cachets de toute sorte, des rails de coke à n'en plus finir et à peu près autant de champi sans faire d'overdose, juste de quoi être malade le lendemain, je pense que le réal manquait un peu de réalisme sur la consommation de drogues dures.
- Pleins de gens qui veulent juste baiser les uns avec les autres parce que le sexe y'a que ça dans la vie (ça parle beaucoup de sexe avec la subtilité d'un specimen cishet de 14ans, beware), une mère indigne qui veut frapper son enfant mais surtout baiser son employé Noir parce que exotisme (tout va bien on vous dit), et j'en passe et des meilleures.

Mais revenons à la trame de l'histoire: Ig donc, était follement amoureux d'une jeune femme douce et belle et parfaite et croyante et c'était l'amour fou, parfait, pur, doux et beau - ils se sont rencontrés et aimés depuis qu'ils étaient enfants car l'amour, le seul, le vrai, est une évidence éternelle que personne ne peut détruire.
Et on ne nous épargne rien: ni le code amoureux (le morse), ni la cabane dans les bois repaire secret, ni les scènes en contrejour réminiscence de la perfection physique de la Belle (car on ne saura rien d'autre sinon qu'elle est belle et pure, personnalité? Non merci bonsoir), ni l'épreuve initiatique, ni l'amour au premier regard - on aura même un extrait d'ébats qu'on avait jamais demandé, merci mais pas merci.
D'ailleurs, Merrin (la belle) est tellement parfaite qu'elle a une peau de porcelaine, va à l'Eglise le dimanche et porte de tout temps sur elle une petite croix dorée.
Et on ne nous épargne rien, pas même la scène de viol.
Pas même la carte du cancer, dont on apprend que Merrin est atteinte.
Pas même la fausse rupture/vrai sacrifice de Merrin qui refuse de voir son amant souffrir de devoir la supporter à travers sa maladie - et donc préfère nier leur amour, mais lui laisser malgré tout une lettre pour qu'il apprenne un jour la vérité et soit déchiré de n'avoir pu soutenir l'amour de sa vie à travers les affres du cancer mais l'avoir laissée seule face à la maladie. Absolument logique. Good call. Keep it on Merrin, u so clever.

Ce qui me dérange dans ce film, ce n'est pas Ig en démon cornu qui arpente sa ville en mettant à jour tous les secrets et les non-dits, qui rage et se débat, non. J'aime les indignés.
Ce qui me dérange c'est le shitload de clichés qu'il convoie ce faisant, ruminant une histoire vue et revue de triangle amoureux, de manipulation, de niceguy, de sexe et de trahison, le tout en maintenant le mythe d'un amour pur et incorruptible, dont seul le destin peut venir à bout et pour lequel la mort n'est qu'un passage avant de trouver la paix dans l'éternité de l'autre-monde.
Ce qui me dérange également, c'est une vision du monde médiocre et pessimiste, aux personnages caricaturaux, sans aucune humanité, uniquement menés par l'argent et le sexe (j'ai appris que quand tu mets un homme et une femme hétérosexuels dans une pièce que tu les laisses exprimer leurs désirs profonds ILS BAISENT - subtilité à toute épreuve je vous dis). Une vision du monde ou révéler les péchés des gens - puisque c'est de ça qu'il s'agit - peut mener à les pousser au crime, à la violence ou bien... à l'expression de leurs désirs homosexuels. Une vision du monde ou un protagoniste dit à propos d'un crime dit passionnel que "l'on tue bien plus souvent par amour que par haine"(indice: non). Une vision du monde ou les deux personnages féminins principaux sont la Vierge et la Putain. Ou la religion associée à la pureté - a travers la croix de Merrin - nous protège de nos démons.

Je n'avais pas perçu de message aussi médiocre et négatif dans une oeuvre audiovisuelle depuis Twilight. Une vraie partie de plaisir.
Loocie
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le 7 oct. 2014

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Loocie

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