En attendant bien sagement de pouvoir enfin porter à l'écran son vieux rêve d'adaptation de l'animé Cobra, le frenchy Alexandre Aja met la main sur le roman de Joe Hill, délaissant momentanément ses sempiternels projets de remake.


Plutôt fidèle, le film partage avec le manuscrit écrit par la progéniture de Stephen King une résolution prévisible et un sérieux ventre mou à mi-parcours, auxquels il faut ajouter un final passant mal à l'écran et une poignée de seconds rôles sacrifiés, la relation entre les deux amis d'enfance se voyant également atténuée.


Pour le reste, on peut dire qu'Alexandre Aja a plutôt fait du bon boulot, ne livrant certes pas son meilleur film, mais peut-être son oeuvre la plus humaine, la plus attachante. La force de Horns réside effectivement davantage dans son ambiance, dans son ton, dans son petit coeur, que dans une intrigue finalement accessoire.


Constamment sur le fil, Horns multiplie les ruptures de ton, mélange allégrement les genres, passant sans cesse d'une certaine naïveté à un humour goguenard, le tout ponctué d'éclats gores et cul assez déstabilisants, donnant à l'ensemble des atours de sale gosse. Un dosage très bien géré par le cinéaste, qui aura bataillé pendant un an pour imposer son style si particulier auprès de producteurs voulant soit un film d'horreur, soit une comédie, mais surtout pas les deux à la fois.


Bénéficiant de l'interprétation impeccable d'un Daniel Radcliffe multipliant les choix de carrière audacieux, Horns compense également ses défauts par une légère touche de poésie gothique, proche de la mélancolie, narrant une tragique histoire d'amour franchement touchante, tout comme l'est la relation complexe entre notre anti-héros accusé d'avoir tué la femme qu'il aimait plus que tout et des proches ne voyant en lui qu'un assassin et une immense déception.


Casse-gueule, anarchique et imparfait, Horns puise étonnamment dans ses lacunes toute sa sève, son identité, proposant quelque chose de sincère et d'attachant, à une époque où le cinéma de genre est devenu désespérément formaté.

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

46

D'autres avis sur Horns

Horns
Gand-Alf
7

Faites entrer l'accusé.

En attendant bien sagement de pouvoir enfin porter à l'écran son vieux rêve d'adaptation de l'animé Cobra, le frenchy Alexandre Aja met la main sur le roman de Joe Hill, délaissant momentanément ses...

le 14 juin 2015

46 j'aime

Horns
Lucas_Renaudot
6

Wingardium Leviosa

Horns est une adaptation du roman du même nom paru en 2010, c'est l'histoire de Ig Perrish, accusé du viol et du meurtre de sa petite amie il utilise des capacités paranormales nouvellement...

le 17 sept. 2014

37 j'aime

6

Horns
Anomaliza
2

Lettre ouverte à M. Alexandre Aja

"Cher Monsieur Piranha 3D, Je me permets de vous adresser cette modeste contribution, témoignage de ma compassion face au naufrage cinématographique auquel j'ai assisté ce soir, en avant-première au...

le 17 sept. 2014

36 j'aime

11

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

269 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

212 j'aime

20