Trois ans après Piranha 3D, Alexandre Aja revient au cinéma avec son nouveau film Horns, adapté du roman éponyme de Joe Hill. Le synopsis m'intriguait. Forcément, des cornes qui poussent sur la tête d'Harry Potter, ça ne peut qu'intriguer. Je connais très peu Aja, n'ayant vu que son film de piranhas justement. Film que je trouvais jouissif par moments avec ces piranhas qui bouffaient des kikoos mais que je trouvais plombé par sa romance et son histoire familiale à deux balles. Je n'attendais finalement pas grand chose de Horns, si ce n'est un film potentiellement sympathique. Verdict.



Dès le début, le film est envoûtant. On ne peut pas réellement classer Horns dans une catégorie tant le mélange des genres est important. Principalement fantastique, le film lorgne également du côté de la romance, de la comédie et du thriller. Pour des résultats tantôt réussis, tantôt mitigés. Mais, quoi qu'il en soit, on sent néanmoins toute la passion d'Aja pour ce type de cinéma bien que j'ai trouvé l'ensemble assez sage.

Déjà, le mec sait filmer, ça ne fait aucun doute. J'aime beaucoup l'introduction avec ce travelling qui part d'une scène romantique (un peu nunuche certes) pour se terminer sous terre, comme une descente aux enfers. On comprend alors les enjeux pour le personnage principal qui devra essayer de se laver d'un crime qu'il n'a pas commis. D'où le côté thriller du film qui est malheureusement entaché d'un gros problème: c'est trop prévisible. Forcément, quand on identifie le tueur dès sa première apparition, ça la fout un peu mal. Bon après tout le monde ne devinera pas forcément tout de suite mais je trouvais justement que son introduction était un peu ratée, ce qui m'a un peu sorti du film.

Après, fort heureusement, le film ne se repose pas uniquement sur ça. Il contient une atmosphère vraiment prenante et intrigante car si le mystère sur le meurtre est assez vite disparu, il y a toutes les idées à côté qui maintiennent le suspense. Forcément, l'apparition des cornes sur Radcliffe et le pouvoir qu'elles engendrent suscite l'intérêt, apporte une touche mystérieuse. J'ai adoré ce côté-là d'ailleurs où les personnes qui croisent le personnage principal avouent leurs vices cachés, leurs envies de meurtre. Il y a ce côté humour noir qui me séduit particulièrement. Une idée de base vraiment sympathique ma foi.

Et des idées, le film en a. La mise en scène d'Aja est inspirée, aidée parfois de musiques connues qui contribuent à l'ambiance spéciale du film. La séquence du début sous Heroes de Bowie est superbe, la bagarre sous fond de Personal Jesus repris par Manson est jouissive. L'ensemble du film est plutôt bien fait mais c'est quand même trop lisse. Ca manque justement de scènes puissantes, qui ne se refusent rien. Bien que l'audace y soit parfois. Je pense notamment à ces 10 dernières minutes qui ont dû en déstabiliser plus d'un (moi compris).



D'où mes quelques réserves vis-à-vis du rendu final. Je ne peux m'empêcher d'être un peu déçu de certains points car Aja ose et réussit à faire un film fantastique d'un bon niveau mais le film semble bridé. Ce n'est pas aussi diabolique et subversif que ça n'aurait dû l'être. La romance qui prend une part importante dans le récit est trop simple, trop idéalisée et légèrement bâclée de ce fait. C'est dommage d'ailleurs car certaines scènes étaient plutôt belles, comme celles dans la cabane, mais l'histoire d'amour est vraiment trop classique. Avec un tel sujet, on pouvait justement s'attendre à autre chose, à un traitement différent. Je pensais d'ailleurs qu'Aja pouvait en détourner les codes mais ce n'est pas le cas. Dommage.

Cependant difficile de bouder son plaisir face à une oeuvre qui reste assez généreuse et qui est surtout rafraîchissante. Car si tout le film est bien à prendre au sérieux, la dose de second degré est bien présente. Les touches d'humour sont réussies. Elles tranchent pourtant avec une partie plus sombre, plus tragique mais sans que cela choque. Aja a su trouver le bon équilibre entre ce qui était sérieux et ce qui ne l'était pas. Et cette formule rend vraiment le film sympathique et digeste.

Horns n'est pas parfait, c'est clair et net. Mais le film en a quand même dans le bide et le moment passé est agréable. Certes c'est parfois un peu mièvre, certes ça manque d'amoralité vu le sujet, certes c'est parfois prévisible, mais la mayonnaise prend. Radcliffe est d'ailleurs très convaincant dans son rôle grâce à l'évolution progressive et bien foutue de son personnage. C'était la première fois que je le voyais en dehors d'HP et c'est la première fois que je le trouve bon. Il y a du progrès donc et j'espère qu'il saura retrouver des rôles du genre à l'avenir. Le reste du casting est plutôt correct. Juste une mention à Juno Temple qui a un charme fou. Juste de quoi me faire perdre mon objectivité en quelque sorte.

Horns est donc l'archétype du film sympa, qui essaie d'aller au bout de ses idées bien qu'il soit un peu bridé, légèrement aseptisé même. Mais de l'autre côté on a quelques bonnes idées de cinéma, un aspect fantastique qui tient bien la route et quelques scènes belles et marquantes. J'en attendais pas grand chose et j'ai finalement passé un bon moment. Que demander de plus après tout? J'espère retrouver un Aja encore plus en forme la prochaine fois car le talent est bien là.
Moorhuhn
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le 8 oct. 2014

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