Hors d'atteinte par raisin_ver
A l'époque de sa sortie, les adaptions d'Elmore Leonard étaient à la mode. Pour le pire, get shorty, et pour le meilleur, Jackie Brown et donc Hors d'atteinte.
Film salutaire à la fois pour son réalisateur et son acteur principal, George Clooney n'avait en effet comme seul fait d'armes celui de faire fondre les cœurs et soigner les bobos dans Urgences. Au cinéma, c'était plutôt la catastrophe, avec des films alimentaires (le retour des tomates tueuses), une série B sympathique (Une nuit en enfer), des nanars venus d'une autre dimension (Batman et Robin) et des films d'action qui servaient de galop d'essai à Dreamworks (le pacificateur).
Bref, pour reprendre la formule de Première, qu'on pouvait lire à l'époque sans avoir honte, George Clooney trouve enfin un bon rôle dans un bon film. Et comme il s'agit du premier film de la longue collaboration Soderbergh/Clooney, ça lui donne un côté symbolique.
Hors d'atteinte est magnifique avec ses couleurs chaudes à Miami, puis froides à Detroit. Le film se montre même très intelligent avec ses ellipses et ses flashbacks qui construisent peu à peu l'intrigue et guident le spectateur dans une histoire à mi-chemin entre la comédie et le film policier. Il associe beaucoup la subtilité des situations à la bêtise des personnages, le ton est d'ailleurs donné dès le début, son premier début, avec ce braquage ahurissant de finesse mais à la conclusion si grotesque.
Pratiquement rien dans ce film n'est réellement sérieux, la plupart des personnages étant ouvertement ridicules, ce qui donne lieu à de magnifiques gags, des mecs qui préfèrent demander les explications d'un tour de magie alors qu'ils se font arrêter, d'autres qui glissent sans arrêt dans les escaliers et qui, à un moment, finissent par se tuer bêtement.
Mais le film sait également créer une ambiance intime et sensuelle, avec la relation entre Jack Foley et Karen Sisco. Le passage du bar à Détroit, durant lequel leurs mains se touchent subrepticement en même temps qu'ils parlent de leur rencontre, est très beau.
Comble du raffinement, le film se permet même la présence de Michael Keaton et de Samuel L. Jackson comme un salut amical adressé à Jackie Brown.