Ça y est, on attaque les années 2000 de la carrière de Seagal, et alors qu’il avait déjà commencé sa longue descente aux enfers, v’là ti pas qu’il nous fait un baroud d’honneur et que Hors Limites arrive à tirer son épingle du jeu. Le film est basé sur le livre du même nom de John Wastermann, bien qu’au final il s’en éloignerait assez rapidement, et c’est le deuxième film d’une série de trois réalisés par Andrzej Bartkowiak et produit par Joel Silver, qui se concentrent sur l’action urbaine avec des arts martiaux sur fond de musique hip-hop et avec des rappeurs au casting, le premier étant Romeo Must Die (2000) et le troisième En Sursis (2003), tous deux avec Jet Li. Oui, le nom de Andrzej Bartkowiak n’inspire pas confiance, d’autant qu’en plus des ratages précédemment cités, on lui doit également les étrons Doom (2005), Street Fighter – La Légende de Chun-Li (2009) ou encore la purge atomique Maximum Impact (2017), mais on peut affirmer que Hors Limites est son meilleur film bien que, nous sommes d’accord, ce n’était pas très dur compte tenu du reste de sa filmo.
Après l’avoir lâché à la fin des années 90, Warner Bros revient faire équipe avec Seagal et injecte 33M$US comme s’ils avaient envie, pour ce nouveau millénaire, de relancer la machine. 80M$US de recettes, auxquelles il faut ajouter les ventes de DVD (et encore de VHS). Ça sera le dernier film de Seagal (dans un rôle principal) à être sorti en salles. Warner a dû dire à Seagal « bon, mon gars, ça suffit tes délires écolos du dimanche à deux balles » car c’est le retour de la formule gagnante de fin 80 / début 90 avec un Saumon Agile qui fait des clés de bras, des coups de pieds dans les parties, et qui désarmes 8 gonzes en 6 secondes chrono sans qu’ils aient eu le temps de dire « aïe ». On y retrouve un Seagal plus mince, qui semble avoir modernisé sa garde-robe et qui a décidé que la queue de cheval c’était passé de mode. Pour le scénario, on est dans du classique de chez classique, avec des dealers de drogue qui sont couverts par des policiers corrompus, un Segal rétrogradé qui va venir remettre tout ça en ordre avec grand fracas et sans la bénédiction de ses supérieurs qui auraient aimé qu’il ne fasse pas de vague. Mais à 1h de film, Hors Limites tente de surprendre et de faire dans l’originalité, et bien qu’on ne soit pas non plus dans la révélation de fou furieux, l’ensemble fonctionne plutôt bien. Certes, il ne faut pas chercher de la crédibilité dans tout ça, mais on soulignera l’effort de sortir (un petit peu) des sentiers battus. La corruption de la Police est d’ailleurs un thème qui revient dans la filmographie de Seagal puisqu’elle était déjà présente dans Désigné pour Mourir (1990), Échec et Mort (1990), ainsi que Nico (1988). Pour tenir cette entreprise d’aplomb, il sera épaulé par le rappeur DMX, qui est d’ailleurs présent dans En Sursis et Romeo Must Die du même réalisateur / producteur, une mode du début des années 2000 où tout un tas de figures plus ou moins connues du hip-hop US se sont incrustées avec plus ou moins de réussite dans de nombreux films d’action de cette époque-là. On retrouvera d’autres têtes connues comme Bill Duke (Predator), Michael Jai White (Spawn) ou encore Eva Mendes (Very Bad Cops).
En guise d’introduction, Hors Limites nous gratifie d’une bonne scène d’action assez intense et plutôt bien fichue, qui sent la poudre et la tôle froissée, de quoi nous mettre en confiance après le très médiocre, pour ne pas dire catastrophique, Piège à Haut Risque sorti 3 ans auparavant. Avec ses courses poursuites et ses explosions, on se croirait dans un bon petit PM Entertainment de luxe. Et, de manière générale, les scènes d’action du film sont le gros point fort de ce dernier. Elles s’en sortent plutôt bien malgré ce montage à l’américaine, et ils se montrent très divertissants. Les courses poursuites motorisées ont réellement de la gueule, avec un budget destruction de voitures assez conséquent, et des moments réellement impressionnants. On a vraiment l’impression qu’ils se sont dit qu’ils allaient refaire un film d’action du début des années 90, assez violent et versant parfois même vers le gore (dans le final). Andrzej Bartkowiak semble être amateur de cinéma asiatique et se la joue parfois à la John Woo, avec des personnages en train de tirer, un flingue dans chaque main, au ralenti. Même le final semble faire référence au cinéma de John Woo, bien que Bartkowiak n’ait pas les compétences du maitre de l’heroic bloodshed made in Hong Kong. Pourtant, il s’en sort honnêtement. Certains combats sont étonnamment bien chorégraphiés, sans doute car c’est le chorégraphe hongkongais Dion Lam qui est à la barre des scènes d’action, déjà responsable de celles de films tels que The Flying Dagger (1993), Swordsman 3 (1993) ou encore Infernal Affairs (2002). Alors Steven Seagal commence à être pas mal doublé, dès que ça devient un minimum acrobatique, c’est certain. Est-ce parce qu’il n’y arrive pas ? Est-ce parce qu’il a peur de se blesser ? Est-ce par pure flemme ? Une chose est sure, c’est qu’à ce niveau-là ça fonctionne. Et puis il innove ici puisqu’on a même droit à un coup de poing aérien dans les roustons. Même en termes de mise en scène pure, Hors Limites fait ce qu’il a à faire. C’est sans éclat, certes, mais Andrzej Bartkowiak semble à l’aise et il en résulte qu’en plus d’être clairement son meilleur film, Hors Limite est réellement une série B des plus honnêtes et divertissantes.
Hors Limites s’en sort étonnamment bien dans le genre série B bourrine bien beauf sur les bords. Pour peu que vous éteigniez votre cerveau, le spectacle est plaisant et vraiment fun avec un Steven Seagal en grande forme. Maintenant, je me prépare au pire…
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-hors-limites-dandrzej-bartkowiak-2001/