Au festival de Sundance on peut distinguer deux tendances régulières parmi les films sélectionnés. Il y a ces films indépendants terre à terre et poignants, mettant en scène des individus ou des situations ignoré(e)s par le reste de la production audiovisuelle ; puis il y a ces films de cinéastes voulant revendiquer une différence, une personnalité, en injectant une ou plusieurs bizarreries dans le concept même de leurs films, dans le but, parfois non avoué, de réveiller l'attention des cinéphages les plus désenchantés et ennuyés de la salle.
Horse Girl appartient à cette deuxième catégorie même s'il met beaucoup de temps à faire tomber le masque.
Je me suis laissé glisser en douceur dans ce récit. Tout commence délicatement. On découvre scène après scène un peu plus cette Sarah et sa personnalité plutôt touchante. On sourit même lorsqu'on voit la maladresse entourant sa romance naissante, mais voilà. Ce serait trop simple. Donc le récit ouvre un peu plus la brèche de ses troubles pour s'enfoncer dans une sorte d'exploration artistique de la confusion du réel et du faux. Tout cela ne me posait pas de soucis car le développement reste souple, sans accélération gênante. Le problème c'est qu'à la fin, bah ça fait pschitt...
Choqué, je me suis rendu compte qu'il n'y avait aucune finalité, rien. Cela s'arrête comme si l'auteur n'avait plus d'idées et terminé de jouer avec ses jouets.
Ainsi, ressassant ce que je venais de voir, une évidence sinistre se révéla : cette histoire était un prétexte pour un exercice de style.
Dur.
Le thème de la folie ? La détresse et l'accompagnement psychologique ? Secrètement, Il s'en bat les reins de ça. Pourtant il se donne du mal à instaurer de la sobriété et de la pureté dans sa mise en scène, pourrait-on se dire. Mais manifestement, le but était surtout de se distancier esthétiquement des cent films racontant la même histoire. Quel dommage. J'avais envie de croire à ce personnage et à son entourage. J'avais envie d'aller au fond des choses. Mais nan. Je termine ce film faussement dramatique sur des scènes donnant le sentiment d'avoir regardé le court métrage de fin d'études d'un étudiant d'école d'art.
Quel dommage, franchement.
Je ne retiendrai que la B.O., créative et intelligente, et les performances du casting, bonnes sans être exceptionnelles.