Horton
5.5
Horton

Long-métrage d'animation de Jimmy Hayward et Steve Martino (2008)

« A person's a person, no matter how small. » HORTON

Horton Hears a Who ! est un célèbre conte pour enfants écrit par le Dr. Seuss et publié en 1954. L’histoire met en scène Horton, un éléphant doux et bienveillant qui découvre un monde entier de créatures microscopiques vivant sur un grain de poussière. C’est un conte poétique, à la fois amusant et profond, qui encourage les jeunes lecteurs à faire preuve d'empathie et de tolérance envers les autres, même lorsque ces derniers semblent invisibles ou insignifiants.

L'idée d'adapter Horton Hears a Who ! en film d'animation a pris forme en 2003, lorsque Christopher Meledandri, producteur chez Blue Sky Studios, a approché Audrey Geisel, la veuve du Dr. Seuss, pour lui proposer de créer une version en images de synthèse de l'œuvre. Audrey, très protectrice de l'héritage créatif de son mari, a d'abord exprimé des réserves quant à l'idée d'une adaptation cinématographique. Pour la convaincre du respect et de la qualité de leur travail, les studios lui ont présenté leurs précédents succès, tels que Ice Age et Robots, ce qui a finalement dissipé ses craintes et permis de lancer le projet.

Pour la réalisation, les studios Blue Sky ont fait appel à une nouvelle équipe composée de Steve Martino et Jimmy Hayward (ancien animateur de chez PIXAR) car les réalisateurs habituels, Chris Wedge et Carlos Saldanha, étaient déjà occupés à travailler sur Ice Age: The Meltdown. Cette décision a permis d'apporter une nouvelle perspective au projet, tout en restant dans l'univers d'animation de qualité pour lequel Blue Sky Studios est connu.

Avant de donner vie à l'univers fantaisiste de Whoville, les réalisateurs très impliqués Steve Martino et Jimmy Hayward se sont rendus à la bibliothèque Geisel en Californie, où sont conservées les archives du Dr. Seuss. Ils y ont exploré une mine d'or de matériel, comprenant des manuscrits, des croquis, des dessins préparatoires, et même des sculptures réalisées par Seuss lui-même. Toutes ces choses ont guidé l'équipe dans la manière de transposer ses idées en trois dimensions. Ils ont également découvert des indications précieuses sur les couleurs, formes et textures que Seuss utilisait, et les ont intégrées pour rester fidèles à son esthétique unique dans le film.

Dr. Seuss’ Horton Hears a Who !, adapté du livre du Dr. Seuss, est donc sorti en 2008.

Le film prétend traiter des thèmes nobles comme l'ouverture aux autres, la croyance, la tolérance et l'imagination, mais tout cela est immédiatement saboté par le personnage principal, Horton. Cet éléphant est censé incarner la bienveillance et la persévérance, mais il est dépeint de manière tellement stupide et infantile que toute profondeur est perdue. Il est impossible de prendre ses idées au sérieux quand chaque scène est ponctuée de ses idioties. Et pour couronner le tout, le doublage de Dany Boon en version française aggrave la situation. Au lieu de donner un peu de charme ou de caractère à Horton, sa voix rend l'éléphant encore plus niais et agaçant, voir débile ! Le message du film est noyé par la caricature de son personnage principal.

On aurait aimé en savoir plus sur les Whos (ou Zous en version française). On peut voir une ressemblance physique entre les Zous et le Choux du Dr. Seuss' How the Grinch Stole Christmas de 2000, une autre adaptation d’un contre du Dr. Seuss. En version originale, les deux peuples sont officiellement de la même espèce, en effet, aussi bien dans ce film que dans le Dr. Seuss' How the Grinch Stole Christmas, les deux s'appellent les Whos et leur ville : Whoville.

Le film avait un vrai potentiel avec les Whos et le Maire, des personnages bien plus intéressants et amusants. Le Maire, en particulier, avait cette touche d'humour et de nervosité qui apportait un vrai dynamisme à l’histoire. Mais au lieu d'explorer davantage cet univers microscopique fascinant ou de développer le Maire et ses interactions, on passe un temps insupportablement long avec Horton (et le narrateur). Et franchement, c'est une perte totale. Le film s'acharne à nous infliger cet éléphant lourd et agaçant, alors qu'on aurait préféré plonger dans les aventures des Whos, qui sont reléguées au second plan.

L'idée de faire parler le narrateur en rimes pour rendre hommage au style poétique du Dr. Seuss aurait pu être sympa, mais dans le film, c'est juste insupportable. Ça devient vite un exercice de style forcé qui, au lieu d'ajouter du charme, agace à chaque réplique. On sent que c’est là pour respecter le matériau d'origine, mais le résultat est lourd et répétitif. Le narrateur enchaîne ses rimes sans aucune fluidité, comme s'il voulait nous rappeler constamment qu'on est dans un conte, mais on n'a pas besoin de ça toutes les deux minutes ! Et comme si Horton n’était pas déjà assez pénible, voilà que le narrateur vient en rajouter une couche avec son ton moralisateur.

L'animation est d'une banalité affligeante. Venant des studios Blue Sky, on aurait pu s'attendre à quelque chose de visuellement plus audacieux ou créatif. Mais non, tout est plat et sans originalité. Les personnages manquent de détails, les décors sont fades, et il n'y a aucune véritable prise de risque dans la direction artistique. Tout l’univers de Dr. Seuss, qui est normalement un festival de couleurs et de formes excentriques, est rendu ici de manière trop propre, trop lisse. Ça manque de personnalité, d'inventivité.

C’est évident que Blue Sky Studios semble coincé dans l’ombre de sa franchise Ice Age. Leur incapacité à s’éloigner de cette licence est frustrante, surtout quand on voit des tentatives comme Robots, qui étaient déjà très moyennes. Avec ce film, ils avaient l’opportunité de proposer quelque chose d’unique et de créatif, mais le résultat est loin d’être à la hauteur. Le film manque d’originalité et de profondeur, comme si l'équipe s'était reposée sur ses lauriers au lieu d’explorer de nouvelles idées. En fin de compte, Blue Sky ne fait que confirmer qu’ils n’ont pas réussi à sortir de leur zone de confort, et ça se ressent dans un produit qui semble bâclé et sans créativité.

Dr. Seuss’ Horton Hears a Who ! est un film qui déçoit sur plusieurs fronts. Malgré des thèmes prometteurs tels que la tolérance et l'ouverture aux autres, le traitement de l’histoire est superficiel, en grande partie à cause d'un personnage principal aussi pénible qu'Horton, doublé d'une voix qui agace plus qu'elle n'attire. Les tentatives d'honorer le style poétique du Dr. Seuss tombent à plat, ajoutant une couche de lourdeur à une narration déjà mal engagée. Au final, le film semble plus être une pâle imitation de l'univers coloré de Seuss qu'une véritable célébration de son héritage, laissant une impression amère et un sentiment d’opportunité manquée.

StevenBen
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le 12 oct. 2024

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Steven Benard

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