Le premier volet d'Hostel d'Eli Roth ouvrait la vanne des Tortures flicks US (dont la série des Saw...) en lorgnant du coté des nanars zone Z italiens des années 70/80...
Le résultat était aussi inégal que presque déplaisant, à peine sauvé in extremis par son premier degré, son humour et son goût sincère pour les films bis auxquels il se référait
On pouvait, dans les bonus du DVD, se délecter des justifications foireuses du réalisateur concernant la torture aux USA, Guantanamo et les sinistres exactions d'Abou Ghraïb, cherchant ainsi à dissimuler sa propre fascination pour la torture, les snuff movies, etc...
Le film n'en restait pas moins discutable et globalement faiblard.
Son seul alibi aurait du rester l'hommage sincère et assez joyeux au ciné bis italien et à ses idoles, Ruggero Deodato (Cannibal Holocaust), Joe d'Amato (Anthropophagous) et autres bisseries du même acabit, toutefois en bien moins réussi que le Planète Terreur de Rodriguez, notamment... Donc pas grand chose ne sauvait ce Hostel de la banalité absolue et il est évident, que, du coup, je n'attendais vraiment rien de sa fameuse séquelle Hostel 2... et j'avais bien tort !!!
En effet, Hostel 2 est un des rares exemples de séquelle supérieure à l'originale et même, ici, aussi épatante que le premier volet était peu enthousiasmant...
L'hommage aux maitres du bis est ici beaucoup plus appuyé notamment avec la présence remarqué dans des caméos de luxe d'actrices comme Edwige Fenech (Actrice Z française totalement idolatrée en Italie et ayant notamment tourné avec Lucio Fulci ou Mario Bava), Ruggero Deodato (Cannibal Holocaust, film préféré d'Eli Roth) en tortionnaire cannibale ou des scènes totalement baroques qui semblent fortement inspirées des films de Dario Argento, Jean Rollin ou Mario Bava.
La scène du "bain de sang" avec cette femme à la faux semble carrément issue d'un film des années 70 et pas des moins bons, on pense notamment à la trilogie des sorcières de Dario Argento ou surtout à Brigitte Lahaie dans Fascination de jean Rollin.
Le gore est ici plus ludique et second degré (mais pas moins gore) que dans le premier volet et du coup il apparaît moins répugnant de sadisme.
Ce joyeux second degré baigne d'ailleurs en effet tout le film et l'on a le plaisir de se laisser prendre à son récit plein de chausse-trappes, bourré d'humour, constamment surprenant, et surtout, mis en scène avec un talent et un sincérité tout à fait jouissive.
Hostel 2 apparait dès les premières séquences comme l'anti-Hostel, c'est assez étonnant comme tout y semble inversé...
L'utilisation d'héroïnes au lieu de jeunes mâles renverse déjà étrangement la vapeur et évoque les gialli..
L'excellente idée de se placer cette fois ci autant du coté des tortionnaires (Dont Roger Bart extraordinaire !) que de celui des victimes apporte un point de vue à la fois nouveau et franchement hilarant sur le récit et permet d'incroyables retournements de situations.
Et puis, il y a du pognon, cette fois, et pas qu'un peu, ça se sent !
Cette abondance permet à Roth de donner de l'ampleur à son décor autant qu'à sa mise en scène , les deux étant cette fois complètement hallucinants notamment dans toutes les scènes qui se déroulent dans le village slovaque (l'incroyable fête des moissons) mais surtout dans l'immense décor infernal de "l'usine à tortures".
Le cinéaste se paie même le luxe, l'air de rien, d'un discours (cette fois) pertinent et décapant sur le capitalisme lors de deux scènes mémorables, très drôles, méchamment cyniques, brillamment scénarisées et filmée montrant dans un premier temps l'enchère sur les jeunes femmes, et par la suite, les soldes offertes sur l'une d'entre elles, un peu abimée mais encore exploitable... Une des idées géniales du film, et il y en a plein de ce genre...
Toute personne qui aime le cinéma d'horreur ne peut ici que jubiler du début à la fin de ce film bourré de talent et de trouvailles.
Hostel 2 est donc une excellente surprise et mieux encore: un excellent film, tout simplement !