Je ne m’attendais pas à grand-chose en rentrant dans la salle, n’ayant vu en guise de teaser que l’affiche au détour du couloir d’un métro. Ce fut donc une sacrée claque ! Certes le très bon 3h10 pour Yuma de James Manglod laissait présager que Christian Bale serait une fois de plus au rendez-vous dans ce registre, eh bien c’est dans le mille !


L’intrigue prend place en 1892 dans ce que le genre Western à de plus classique à nous offrir, les Cow-boys contre les indiens. Oui mais là, ça serait beaucoup trop simpliste de résumer la situation à cela. Le genre est majoritairement là pour donner une forme, le fond quant à lui est le véritable atout.


Ce film discret sur ses dialogues qui laisse la part belle à l’interprétation va nous permettre de réfléchir en même tant que les personnages à la notion de conflit et les raisons qui le motive.


Pour cela, deux camps que tout oppose, vont voyager ensemble et devoir faire preuve d’unité pour survivre à leur périple. Brutal dès le départ, l’intrigue nous place dans une atmosphère de barbarie ou la pitié ne fait pas partie du vocabulaire. Les personnages nous laissent penser que s’ils en arrivent à des atrocités aussi impensables, c’est que tout est nécessaire et qu’ils ont une justification en béton. La vengeance qui se rend pour les êtres chers qu’on nous enlève atrocement, le statut de soldat qui se déresponsabilise de ses actes suivant aveuglément les ordres de son supérieur, œil pour œil, dent pour dent, le sang appelle le sang… Plus l’histoire s’étire, plus les maigres justifications qu’on nous conte, volent en éclats, laissant les personnages face à l’ampleur des atrocités qu’ils ont commis. Certains s’en accommodent, d’autres non.


Le point de rupture intervient au moment ou Ben Foster prend la fuite. Ce dernier est escorté par Joe pour être pendu en condamnation de crimes dont chacun des deux personnages est pourtant coupable. Le paradoxe se pose, les frontières entre le bien et le mal sont minces, les motivations ne trouvent pas d’échos et la nécessité de tuer devient floue…
La scène d’évasion dans la boue et l’obscurité est magistrale, mettant en exergue la facette la plus animale de l’homme prêt à tout pour sa survie.


Yellow Hawk et Joe Blocker sont deux ennemis, deux bouchers, deux soldats, deux hommes, l’un protégeant sa tribu, le second protégeant ses troupes et ils sont finalement similaires, ont des croyances, des sentiments et des valeurs à partager.
A partir de ce point, les personnages ouvrent les yeux définitivement sur leurs actes, sur les motivations de la colère qu’ils entretiennent… Cette haine qui sera le fil rouge de l’histoire pousse sans relâche Joe à tourbillonner dans un océan de questions, de paradoxes, donnant lieu à une immense recherche de sens à donner à son travail de soldat, aux actes et valeurs qu’il s’est forgé avec le temps. Il poursuivra ainsi son cheminement, toujours selon une approche militaire, en accomplissant sa mission, en justifiant ses actes par celle-ci, le sauvant du poids de ses pêchés, lui permettant de trouver une forme de paix.


Le casting est globalement percutant avec une Rosamund Pike incroyable dans son rôle, déchirée entre vengeance et compassion.


La bande son, bien qu’efficace et toujours au service du film n’a en revanche rien d’inoubliable.


Au-delà d’être un Western, ce film pousse à la réflexion, incite à réfléchir avant d’agir. Vieux comme le monde, conflits, guerres, génocides et massacres en tous genres… ici on soulève les raisons de la haine aussi futiles soient elles, avant de les déconstruire comme un château de cartes, une fois que l’on s’attarde un tant soit peu sur les raisons qui la motive. Un exemple de raisonnement à appliquer, par les temps qui courent...

malcolmd
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le 28 mars 2018

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malcolmd

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