Retour à la terre
Histoire d'un aller simple, Hostiles s'impose comme une ode au genre western qu'il investit, qu'il anime, qu'il magnifie. Scott Cooper a tout d'un grand et continue de questionner, tout au long de sa...
le 14 mars 2018
99 j'aime
18
Le précédent travail du réalisateur, Les brasiers de la colère, nous dépeignait une formidable galerie de personnages au service d'un scénario convenu et sans relief, qui se faisait toutefois oublier devant les régulières séquences émotions où les personnages irradiaient littéralement au travers de l'écran. La chaleur qui se dégageait d'eux finissait par l'emporter, et on partait conquis, même avec quelques regrets sur la sous-exploitation de certains personnages. Scott reprend la même formule dans un genre encore plus propice à ses contemplations humanistes : le western.
Encore une fois, la formule réussit avec brio, avec une formidable galerie de personnages, à nouveau dominée par un Christian Bale en forme qui interprète sobrement son militaire bourru, travaillé par ses décennies de service militaire dans la confrontation avec les natifs. Épaule par une belle galerie de second couteaux et d'un joli casting indien, le film se déroule au trot, consacrant nettement son investissement sur les dialogues et les interactions (évolutions) entre personnages qu'aux confrontations directes (la violence hors arme à feu finit par être évacuée de l'image, l'intérêt n'étant plus là). Rosamund Pike laisse ses rôles manipulateurs pour entrer dans la peau d'une victime en terrain fertile pour l'hostilité, et son parcours viendra enrichir la palette émotionnelle développée par le film. Il n'y aura pas énormément à en retenir sur un plan historique ou politique, même si le film s'arrange pour faire quelques discrètes allusions plutôt bien exploitées lors de leurs apparitions (évocation de Wounded Knee avec le prisonnier à convoyer, l'apparition du progressisme méprisant le passé colonialiste et les hommes qui y ont survécu...). Alors que le conversations réchauffent le coeur, l'oeil peut contempler les jolis paysages de tournage qui défilent avec la remontée vers le nord. Tout est au premier degré et respire le sérieux, ce qui fait un bien fou à l'amateur de cinéma à l'ancienne. Encore une fois, quelques personnages sous exploités, mais un résultat qui fonctionne encore mieux que les brasiers de la colère (le scénario s'arrange pour être moins prévisible ici).
Scott Cooper continue donc sur sa lancée, et parvient à accoucher d'une oeuvre proche de l'excellence, d'une originalité relative mais d'un traitement rigoureux, qui paye clairement (à condition d'apprécier les western à la The Assassination of Jesse James...).
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2018
Créée
le 20 oct. 2018
Critique lue 301 fois
7 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Hostiles
Histoire d'un aller simple, Hostiles s'impose comme une ode au genre western qu'il investit, qu'il anime, qu'il magnifie. Scott Cooper a tout d'un grand et continue de questionner, tout au long de sa...
le 14 mars 2018
99 j'aime
18
Aïe aïe aïe... Il ne faudrait surtout pas que la suite de la carrière de Scott Cooper soit calquée sur les dernières vingt minutes de son film. Le garçon est capable de fulgurances, on le sait depuis...
Par
le 21 mars 2018
89 j'aime
44
“The essential American soul is hard, isolate, stoic, and a killer. It has never yet melted.” La citation de D.H Lawrence, en exergue, et reprend le flambeau du grand western : coucher sur un papier...
le 15 avr. 2018
89 j'aime
6
Du même critique
On y est. Je peux dire que je l'avais attendu, je peux dire que j'avais des espoirs, je l'ai sûrement mérité. Non que je cède au désespoir, mais qu'après un remake comme celui d'Evil Dead, ou une...
le 14 août 2024
181 j'aime
48
Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...
le 15 déc. 2013
102 j'aime
116
Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...
le 1 oct. 2013
70 j'aime
36