"Ne vous retournez pas mon ami ... Un partie de moi meurt avec vous".

L'âme fondamentale de l'Amérique est dure, isolée, stoïque et meurtrière. Jamais encore elle ne s'est adoucie. ( D. H. Lawrence)

C’est par ces lignes que s’ouvre Hostiles. C’est bien une histoire dure et rude qui va nous être contée, mais pas à la manière de La Horde sauvage, des westerns spaghettis ou des westerns de Tarantino.

Les premières images nous plonge dans une scène de grande violence perpétrée par les indiens Comanches sur une famille de pionnier. Une femme nommée Rosalie (Rosamund Pike) voit mourir sous ses yeux son mari, ses trois enfants et brûler sa maison. Elle est l’un des personnages principaux de ce western.

Cette séquence est aussitôt suivie du générique d’ouverture puis d’une séquence de violence cette fois-ci perpétrée par des soldats américains sur des indiens Apaches. Cette scène a lieu sous le regard blasé et indifférent du capitaine Joseph J. Blocker, héros de l’armée américaine (Christian Bale). Il est l’autre personnage principal de Hostiles.

Cet homme et cette femme sont brisés par la vie. Le capitaine a participé aux guerres indiennes, il a vu ses amis mourir atrocement sous ses yeux. Il a lui-même commis des atrocités sur les Amérindiens. Il est vidé et sa souffrance, difficilement contenue, est à fleur de peau. Ses paroles envers les Amérindiens sont empreintes de rejet et de violence. Il en a trop vu ! Il en a trop fait ! Quant à la femme, elle a tout perdu, plus rien ne la rattache à la vie.

Le capitaine se voient investit d’une mission : conduire du Nouveau-Mexique au Montana l’un des chefs de guerre qu’il a combattu : le cheyenne Yellow Hawk. Celui-ci est atteint d’un cancer et a demandé à aller mourir sur sa terre d’origine. Le capitaine est accompagné de quelques membres de la famille de Yellow Hawk et de soldats de l’armée américaine. En cours de route, ils arrivent au lieu du massacre qui ouvrait le film et prennent sous leur protection Rosalie, seule survivante.

Hostiles est un western au rythme lent qui se déploie dans des paysages de l’Ouest magnifiquement mis en valeur. On avance au pas lent des chevaux et de leurs cavaliers. Du Nouveau Mexique au Montana, à cheval, on a le temps de voir les paysages défiler… On a aussi le temps de mûrir et de changer. Alors que le voyage commence dans un climat ultra tendu et que le capitaine enchaîne les indiens, peu à peu le climat change. L’arrivée de Rosalie, femme brisée mais digne et forte touche tout le monde. Les relations évoluent lentement, chacun prenant soin des autres et s’ouvrant peu à peu aux autres. C’est mis en scène sans mièvrerie, sans beaucoup de paroles, tout passe dans les regards, les gestes, les attitudes. Si le capitaine et Rosalie sont les personnages principaux, les personnages secondaires sont loin d’être insignifiants, ils ont tous leur importance. A l’issue de ce long voyage et des dures épreuves rencontrées, les survivants sont changés au point que le capitaine peut désormais appeler le chef cheyenne « mon ami » peu de temps avant qu’il ne soit emporté par sa maladie. Cet ultime face à face vient démentir la citation ouvrant le film. Ces hommes qui se sont entre-tués, se sont adoucis et sont capables de se parler avec respect et bienveillance. La dureté du cœur n’est pas une fatalité, en sortir n’a rien d’automatique mais la traversée de sa souffrance et l’accueil de celle de l’autre change une personne.

Plusieurs scènes sont d’une grande force : Rosalie creusant de ses mains les tombes de sa famille, le capitaine hurlant toute sa souffrance inexprimée seul dans la nature, le capitaine prenant la main du chef cheyenne dans un geste d’amitié et bien d’autres encore.

Il n’est pas facile de rédiger une critique sur ce film, ce que j’ai écrit est très maladroit. C’est avant tout un western sensitif et émotionnel. Je sais ce sous-genre n’existe pas, mais je trouve que ces termes décrivent au plus près l’esprit de cette histoire. Chaque fois que je le revois, il me fait verser des torrents de larmes…

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le 9 janv. 2024

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abscondita

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