Le village.
Imaginez un superflic à la John McClane ou Harry Callahan, contraint de s'exiler dans la campagne anglaise la plus tranquille qui soit, où le plus gros crime jamais vu fût la tristement célèbre...
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le 31 janv. 2014
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Citation de Octave Mirbeau (remplacement de "grand" par "beau")
Il y a un peu plus d'un an, Soen m'avait conseillé un certain "Hot Fuzz" en me disant que c'était un excellent film. Mais bon y'a un an j'étais assez con (disons ce qui est) et au vu de l'affiche qui me hurlait MICHAELLLL BAYYY (qui est comme nous le savons tous un réalisateur de TALENT) je n'ai pas calculé film, alors que je n'avais même pas lu le résumé ni même vu la bande annonce. Petite ellipse de 6 mois. Après la découverte jouissive que vu Baby Driver et son réalisateur Edgar Wright j'ai décidé de me pencher sur le reste de sa filmographie, j'ai notamment découvert qu'il était le créateur de la cornetto trilogie et de Scott Pilgrim (que je ne connaissais que de nom et dont je ne m'attarderais pas ayant déjà fait une critique sur celui ci et Shaun of the Dead récemment). C'est donc 1 an plus tard et avec un préavis totalement différent que je m'attaque à Hot Fuzz, épisode 2 de la Cornetto et comme vous l'aurez vu à ma note, c'était incroyable.
Bon qui dit cornetto dit notre super trio Edgar Wright, Simon et Pegg Nick Frost et les autres acteurs qui ont suivit le délire, et tout ce beau monde a bien gardé en esprit le travail fait sur Shaun of the Dead pour imaginer la suite. Même si la Cornetto est composé de trois films chacun indépendants les uns des autres, on peut y voir des similitudes que ce soi dans la forme ou dans le fond.
Au niveau de la réalisation on reste dans cette idée de jouer avec le rythme (micros scènes ou on sert les bières par exemple) et de faire passer une image au lieu de l'expliquer (la définition même du cinéma, même si certains on tendance à l'oublier parfois). C'est vraiment ce que j'appelle une réalisation "vivante" ou on voit qu'Edgar Wright n'est pas que réalisateur mais spectateur de son joyeux bordel dont il veut nous offrir son expérience. Cette réalisation unique et personnelle plus le fait qu'il manie à la perfection les codes pour proposer un résultat détourner mais tout aussi intéressant me fait relativiser le départ de Tarantino des plateaux de cinéma. On peut aussi placer un mot sur la colorimétrie qui, en étant un peu plus coloré que celle du premier opus, reste finalement assez morne.
Bon ensuite on retrouve le scénario et les thèmes qu'il aborde (qu'on abordera à la fin) qui se fait, comme pour le précédent opus, à la manière d'un Trigger (toujours faire référence à Trigger et au bouleau de Hiroyuki Imaishi quand on peut) nous place doucement toutes les pièces du puzzle pour se lâcher complètement sur sa fin. Et grâce à un bon rythme, de bons personnages et la découverte d'un nouveau monde, ces révélations lacunaires ne donnent pas une impression de "petite info lâcher au milieu d'un vide narratif".
On retrouve aussi le détournement du genre, on avait le droit aux zombies en 2004 on s'attaque maintenant aux thriller policier (Se7en) dont on va évidemment détourner les thèmes (on y reviendra plus tard) mais pas que. Là ou Shaun of the Dead jouait avec la peur, Hot Fuzz va jouer avec nos attentes vis à vis des codes (comme le méchant montré dès le début du film). Mais qui dit comédie dit aussi une bonne tranche de rigolade alors on va aussi puiser pas mal pour servir à l'humour. Un Humour qu'on attaque d'ailleurs sous plusieurs angles de mesure, que ce soit le burlesque (le coup du cygne ou certains combats), le plus posé (la discussion du début entre flics), purement visuel (les gros plans + musiques stressantes sur le méchant ou l'explosion) voir réservé à un public cinéphile (les blagues références au 1er opus comme celui la barrières ou à des passioné du genre parodié comme la pseudo arrestation de Skinner). Et ce qui est ouf c'est que sans forcer sur l'humour comme les comédies française actuelle avec leur pancarte: "LOOOOLLL T'AS VU C'EST DRÔLE RIGOLE" il arrive à marcher à chaque fois, on va aimer rire devant ce pur délire qu'est Hot Fuzz
Pour le thème, on continue de réfléchir sur les liens entre l’individue à la société. Là ou Shaun of the Dead nous disait que le conflit n'a pas lieu d'être, et qu'au fond on peut être "conformé" à la société en restant soi même, Hot Fuzz se révèle beaucoup plus trancher dans son propos. Nicholas n'a en effet aucunes envies de se plier aux règles, la séparation entre les deux rôles de Simon Pegg se ressent forcément face à sa femme qu'il laisse ici tomber pour rester soi même. Face au mouvement fasciste auquel il fait face (oui fasciste, il tue tous ceux qui ne rentre pas dans le rang, surtout que le mot est intéressant pour une comparaison future), il décide de prendre les armes et de...tuer toutes les personnes qui ne pensent pas comme lui, aider par une jeunesse perdue et influençable guidée par ses émotions (rage et envie d’insurrection) et par des œuvres culturelles mettant son idée en avant. Le mythe du gentil héros contre la méchante société à la Dark Water en prend un coup. On comprend donc pourquoi le premier mot qui le qualifie quand il arrive au village est fasciste (insulte indirecte) et pourquoi il traite son adversaire de sorcière (toujours indirectement). Celui qui est présenté comme le combattant du fascisme vainc un ennemi trop différent (référence aux sorcières sur le bucher parce qu'elle faisait des potions bizarre) et installe une nouvelle dogme fasciste sur son calquée sur son idéologie. La Cornetto vient donc une fois encore casser les films Gulli avec leur schéma de penser "si tu es différent et maltraité c'est pas de ta faute mais celle de la société" en répliquant frontalement qu'imposer ton idéal à cette même société ne va pas aider les autres, et que tu ne vaux finalement pas mieux que ce que tu critiquais à l'époque
A ce stade on pourrait me reprocher de ne voir qu'Hot Fuzz que par le biais de son grand frère, et vous auriez raison, mais par cette comparaison j'essaie de bien faire comprendre que ce n'est pas qu'un simple Cornetto qui lit les 3 films et qu'en creusant un peu on se rend vite compte de tout le génie qu'ont fait preuve Edgar Wright et Simon Pegg pour construire leurs mondes et la façon dont ils vont les montrer. Et surtout que tout ce que Shaun of the Dead nous donne, Hot Fuzz le fait en mieux. Que ce soit un truc aussi con que les morts cartoons ou son humour plus intime (un thriller policier à la campagne avec une scène de poursuite chez la fleuriste) et usant notamment plus des musiques, sa réalisation plus poussée, son final jouissif par ses scènes d'action prenantes et décalées ou son respect pour les œuvres qui ont démocratisé les genres dont il se moque, Hot Fuzz est criant d'une réalité: Shaun of the Dead n'était qu'un échauffement, maintenant ça va chier
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2007, Je suis tout ouïe, Journal d'un renard, pour être rusé il faut se cultiver (2020), Les meilleurs films d'Edgar Wright et Les meilleurs films avec Simon Pegg
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le 13 juin 2020
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