Par sa nature forcément sulfureuse et controversée, l'industrie du porno est une des plus sujette à l'hypocrisie. Tout le monde lui crache à la gueule mais tout le monde en consomme. En gros, on se tripote la nouille devant les nénettes pour ensuite les traiter de tous les noms sous prétexte qu'elles ont justement étanché notre soif. Il est vrai cependant que la grande époque où tout le monde s'envoyait en l'air dans la joie et la bonne humeur a disparue depuis bien longtemps, que le professionnalisme est en voie de disparition et qu'il n'est plus question de taper dans l'artistique mais simplement dans la junk branlette.
Réalisé par Jill Bauer et Ronna Gradus, le documentaire Hot Girls Wanted cherche donc à en savoir plus sur ses lolistars d'un mois, d'une semaine, d'une vidéo, prêtent à tout pour accéder enfin à cette célébrité 2.0 à base de néant, sur-vendue par la téléréalité et par les réseaux sociaux. Une intention louable mais dont les idées semblent bien arrêtées avant même que le film ne commence.
En effet, alors qu'il aurait été pertinent de mettre en lumière chacune des nombreuses facettes de cette usine à fantasmes et à pognon, de donner la parole à la fois à ceux qui la consomme, à ceux qui en vivent et à ceux qui se font des couilles en or avec, Hot Girls Wanted se contente de suivre une petite poignée d'individus pas forcément représentatif du milieu. A savoir: un maquereau du dimanche tout droit sorti d'un mauvais épisode de Fast and Furious et ses "filles", nénettes d'à peine 18 ans un peu paumées, un brin niaises, et au quotient intellectuel avoisinant le néant absolu, pour qui le summum de la réussite consiste à sortir de leur coin paumé et de se balader en limousine avec la sono à fond les ballons.
Difficile de s'attacher à ces wannabe stars égocentriques et stupides, dont le propos change constamment au fil des minutes, se posant en victime d'un système dont elles profitent pourtant pleinement. Le summum de la gêne étant cette séquence où l'une d'elles décrit avec dédain le personnage qu'elle est censée incarner (en gros, une écervelée payée une centaine de dollars pour satisfaire un mec), sans se rendre compte qu'elle se décrit elle-même.
Donner la parole au consommateur, aux sites internets qui s'en mettent plein les poches et surtout, à des participantes faisant preuve d'un minimum de jugeote et assumant pleinement leur choix aurait certainement apporté un peu plus de profondeur à ce documentaire bien trop intrusif pour convaincre, à la forme extrêmement pauvre et aux ficelles bien trop voyantes.
Reste un sujet passionnant et quelques points intéressants rapidement survolés comme le manque total d'éducation sexuelle digne de ce nom, les problèmes sanitaires, les nouvelles pratiques de plus en plus dégradantes et surtout, l'évident manque de repaire d'une génération incapable de faire la différence entre la fiction et la réalité, lobotomisée par des médias dénaturant complètement le principe de sexualité pour en faire un simple produit parmi tant d'autres.