Petite sensation de l'édition 2015 de Sundance, ce documentaire a depuis été acheté par Netflix, et se voit donc par ce biais ; j'apprécie l'opportunité de voir des œuvres toutes récentes de cette manière.
Réalisé par Jill Bauer et Ronna Gradus, ce documentaire s'interroge sur l'explosion du porno amateur par le biais de quatre débutantes, persuadées de gagner beaucoup d'argent sans soucis.
Le phénomène du porno amateur est très en vogue de nos jours et a surtout explosé avec Twitter qui, contrairement à Facebook et Instagram, ne censure pas ses contenus. Dans ce cas présent, ces quatre filles, âgées de 18 à 20 ans, sont recrutées par une espèce de souteneur, qui est leur manager, et vont donc faire soit des shows par webcam, des photos de charme ou tourner des films pornos dits amateurs. Il est à noter qu'en Amérique, le marché du sexe se concentre beaucoup en Floride pour une raison toute simple ; cet état autorise encore les scènes non simulées sans préservatif, ce qui est désormais obligatoire partout ailleurs.
Durant quatre mois, on voit au départ ces filles très motivées, arguant à qui veut l'entendre qu'elles veulent être riches et célèbres ; quand on sait qu'une scène peut leur rapporter 400 dollars en quelques heures, leur choix est fait , croient-elles.
Les réalisatrices s'attardent plus longuement sur Stella May, la plus jeune du groupe (18 ans), qui a tout plaqué (études et parents) pour se lancer dans le porno. Au début, on sent en elle l'envie de percer, même si son choix est désapprouvé par sa mère, et son copain est bien obligé d'être d'accord avec elle, même si on sent que lui aussi n'est pas très chaud à l'idée que sa copine fasse du porno. Ensuite, elle va faire des shows par webcam, répondre à des demandes sidérantes de producteurs (comme s'enfoncer un énorme sextoy), et commencer à prendre conscience de l'erreur qu'elle fait. Elle se rend compte qu'elle vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête à jouer ainsi avec sa santé, car elle finit régulièrement à l'hôpital pour faire des tests VIH, guérir d'autres MST et demander régulièrement la pilule du lendemain après ces rapports non-protégés. La tendance actuelle du porno étant le creampie, elle doit constamment se protéger afin d'éviter de tomber enceinte. Il y a une scène assez dure où elle fait une scène avec un type plus âgé qu'elle, et elle en ressort presque dégoutée, n'ayant fait que le strict nécessaire, notamment de simuler un orgasme.
Alors oui, elle gagne beaucoup d'argent, mais elle se rendra compte avec les frais, les habits, les visites à l’hôpital et les divers soins, elle ne gagne pas grand-chose. La fin du documentaire la suit dans la maison de sa mère qui, accompagnée du copain de Stella, vont se servir de la présence des réalisatrices pour mettre la jeune femme dos au mur et de la supplier d'arrêter le porno. Ce qu'elle fera, car elle se rendra compte qu'elle fiche davantage sa vie en l'air qu'autre chose.
La bonne idée du docu est que si ça parle de porno, on n'a aucune image choquante, pas un téton, pas un poil. C'est surtout le commentaire cru des jeunes femmes qui peut étonner, ainsi que leur souteneur, Riley, qui a donnerait envie à des millions de femmes de le frapper à considérer "ses" propriétés comme de la barbaque.
Apparemment, le point de départ du film serait parce qu'une étudiante américaine aurait commencé ainsi, toute seule, et c'est dommage qu'on ne revienne pas plus sur elle ni sur le développement sans fin du porno amateur sur Internet. Mais les réalisatrices ont choisi de se focaliser sur quatre jeunes filles, dont on apprendra à la fin que deux d'entre elles ont arrête leur métier assez vite (dont Stellay May en quatre mois).
Si ça reste très intéressant, je vous déconseille de voir le docu dans sa version française, faite de voice over qui donne l'impression de voir de la télé réalité.