Fuga de cerebros fut le plus gros succès de l’année 2009 en Espagne. Assimilation espagnole d’American Pie, elle voyait un groupe d’amis en dehors des canons habituels partir à l'université d'Oxford pour l’amour d’une belle.
Dans cette suite, il ne s’agit plus d’Oxford, mais d’Harvard. L’équipe est quasiment la même, centrée autour du frère du personnage principal du premier film, Emilio. Il y a donc une belle pelletée de personnages, avec Roulettes, un handicapé moteur acerbe, un autre aveugle qui veut donner le change ou un Rom qui va se retrouver professeur. Cornetto, l’un des meilleurs personnages du premier, sorti du placard pendant le film, doit lutter contre l’amour qu’il ressent pour un américain sportif moyen.
Les deux films barrent donc la route à leurs principaux concurrents, avec une diversité rarement égalée. La sélection est assez grossière, « 1 gay, 1 Rom, 1 aveugle, 1 paraplégique et 1 intello », mais cela permet d’atténuer la routine devant ce genre de films, où il ne s’agit que et encore des mêmes personnages, des archétypes qui rentrent dans les normes.
Le film se moque d’ailleurs de ses personnages, un peu loosers. Mais toujours avec une certaine sensibilité, un respect pour leurs aspirations. La personne aveugle devient un professeur de biologie, disséquant poissons sur poissons, sans que cela ne fasse tiquer aucun de ses amis. Les points de frictions se situeront ailleurs : sur le statut amoureux d’Alfonso ou sur leur nouveau statut social et les problèmes qui en découlent.
La grosse partie du film réside sur la relation d’Alfonso, qui a réussi à séduire cette femme pour qui il a traversé l’océan Atlantique. Malheureusement il constate que la relation n’est pas si belle qu’attendue, et se retouve sans possibilité de s’en défaire. En plus il découvre que son amour d’enfance est aussi aux États-Unis. Ce que le monde est petit. C’est le triangle amoureux, mais assez plaisant.
Le réalisateur change, mais les scénaristes sont les mêmes. Le spectateur du premier n’aura pas le sentiment de découvrir de nouveaux inconnus. Malheureusement, les difficultés du premier sont toujours présentes. Le film use encore de grosses ficelles qu’il va falloir avaler. La façon dont ils s’intègrent à Harvard ne sera pas questionnée, ni sur leur crédibilité une fois en place : il faut l'accepter, un point c'est tout.
L’humour lui n’a pas ce côté bas-du-front de trop de teen-movie américain. Il y aura forcément des plaisanteries sur le sexe, sur l’alcool, sur la drogue, etc. Mais il n’est pas visuellement explicite, et ses personnages sont malmenés pour mieux se remettre sur pieds. Il n’y a pas cet humour mordant des frères Farrelly sur les minorités. Le ton du film est un entre-deux dont quelques gags en ressortiront.
La réponse espagnole à American Pie n’a guère à rougir, et peut même se vanter de son ouverture de personnages, qui en fait tout le sel du film. Mais les défauts sont les mêmes que pour le premier, avec son scénario un peu grossier et un humour en retrait. Plaisant, mais assez anecdotique.