Behind Woodstock

C'est facile de faire un film musical avec le festival de Woodstock en toile de fond, et de le charger de Bob Dylan, de Jefferson Airplanes et des Doors pour plaire aux nostalgiques de la culture hippie. Mais là où Ang Lee est un peu plus malin c'est justement quand il ne charge pas son film de ses références culturelles que tout le monde connait. Il choisit plutôt des tubes plus secondaires des grands groupes des sixties. La seule chanson des Doors présente est "Maggie M'Gill", une chanson qui en notoriété se situe très loin derrière "The End", "Ligth My Fire", ou "Soul Kitchen". On évite aussi la scène de trip sous acide avec "White Rabbit" qu'on a déjà vu une dizaine de fois au cinéma, Lee préférant "Red Telephone" de Love pour accompagner cette scène qui semblait inévitable.
L'objectif d'Ang Lee est plutôt de faire découvrir quelques chose au spectateur que de rester sur des sentiers déjà défrichés. Son film se concentre sur l'envers du décor, les rouages de l'organisation, et les tensions que cela entraine entre les autochtones réac et les hippies au cheveux sales. Ici pas de prestation enflammée de Jimi Hendrix, d'ailleurs pas de Jimi Hendrix du tout dans la bande son, un peu dommage mais on peut comprendre ce choix. Les séquences montrant le concert en lui-même sont réduites à quasiment rien.
Ang Lee réalise un film intéressant sur la compréhension, le vivre-ensemble, et le peace and love. La trame général présentant un loser magnifique qui fait des pieds et des mains pour organiser ce festival et sauver le petit motel familial n'est qu'un prétexte et n'apporte rien. Tout comme l'intrigue autour de son homosexualité qu'il doit ou non révéler à ses parents. Un film qui vaut surtout pour sa description assez juste de l'envers du décor d'un évènement mondialement connu. Un film à voir parce qu'il est enrichissant, mais guère plus.