House premier du nom a été un gros succès. 22M$ de recettes à travers le monde pour seulement 3M$ de budget. Le jackpot pour cette comédie horrifique et donc forcément, une suite allait être mise en chantier. Pour la mettre en scène, les producteurs font appel à Ethan Wiley, un des deux scénaristes du premier film qui y avait apporté l’aspect comédie. Sauf qu’ici, personne n’a envie d’une réelle suite au premier et dans la tête de certains, c’est l’idée d’une saga sous forme d’anthologie qui commence à naitre, une anthologie de films de maisons hantées, sans que les uns aient un rapport avec les autres ou que la même maison soit réutilisée. On retrouve donc dans ce House II ce même concept de maison hanté dans laquelle sont prisonniers des « démons » dans un film qui, malgré l’héritage du premier House bien présent, va suivre sa propre voix et va aller encore plus dans la comédie, adoptant un ton complètement loufoque pour un divertissement au-delà de nos espérances. Pas un hasard s’il est mentionné dans Scream 2 de Wes Craven, lors de la scène où les protagonistes débattent sur les meilleures suites de tous les temps.
Toujours produit par Sean S. Cunningham (Vendredi 13), on va donc de nouveau retrouver cette ambiance à la fois légère et intrigante. Légère car, comme dit plus haut, nous sommes dans une comédie, et intrigante car malgré tout la maison est pleine de secrets et de monstres. Cette maison, un couple y est mort il y a 30 ans, et leur fils revient y habiter toutes ces années plus tard avec sa petite amie. Alors qu’un couple d’amis vient les voir, des choses étranges commencent à se passer. Avec House II, il faut avoir l’esprit ouvert pour accepter la folie pure du scénario. Ou alors il faut avoir gardé son âme d’enfant. Dans les deux cas, le film devient très vite attachant. Il y règne une forme d’insouciance qui s’est perdue dans le genre avec le temps, avec cette maison mystérieuse où la porte d’une pièce à l’étage mène à l’ère préhistorique (avec ses dinosaures et ses hommes de Neandertal bodybuildés), une autre plusieurs centaines d’années en arrière chez les Aztèques, lors d’un sacrifice, ou encore un passage au temps du Far-West. « Délire » est ici le maitre mot, avec pêle-mêle un arrière arrière-grand-père attachant qui revient à la vie, un bébé ptérodactyle très joueur, une étrange créature mi-chien mi-chenille, un crâne de cristal convoyé de tous, ou encore un pistolero revenu d’outre-tombe. Les maquillages sont convaincants, bien qu’il soit facile de détecter les prothèses en latex. Le stop motion fait aujourd’hui un peu daté, bien que le kitch qu’il en ressort ravira les amateurs de Ray Harryhausen. Mais comme je commence à être un vieux de la vieille, je trouve que la production design de ces figurines en latex / animatronics a bien plus de charme et de présence que les CGI d’aujourd’hui. C’est inventif à souhait et les grands enfants seront aux anges devant tant de mignonnerie. Car les bêbêtes sont toutes mignonnes et avec House II, on est presque dans une comédie horrifique pour enfants. L’idée de passages secrets et de mondes cachés au-delà des murs de la maison est tout à fait fascinante pour les enfants.
Comme dans le premier film, le timing comique des acteurs est parfait. On ne rit jamais aux éclats, mais pourtant on garde ce sourire un peu niais tout le long. House II a un côté imprévisible qui sert l’humour et les acteurs aident à faire fonctionner la comédie. Royal Dano est excellent dans le rôle du grand-père au grand cœur et le duo Arye Gross / Jonathan Stark fait preuve d’une réelle alchimie, leurs performances sont légères et amusantes et, à l’instar du film, ils ne se prennent pas au sérieux. Car clairement, à aucun moment le film ne se prend au sérieux. Rien que l’absence de réaction des personnages lorsqu’ils arrivent soudainement à l’époque préhistorique par l’une des portes de l’étage est bien là pour nous faire comprendre que nous sommes presque ici dans une grosse boutade, quelque chose à prendre au second degré qui n’a d’autre but que d’amuser petits et grands. Et ça fonctionne. Il suffit de se balader sur la toile pour se rendre compte que House II était très apprécié de ceux qui ont grandi dans les années 80, à l’inverse des critiques spécialisées de l’époque qui y avaient vu un film raté. La mise en scène n’est pas en reste. Bien qu’on sente Ethan Wiley parfois un peu hésitant (il s’agit de sa première réalisation), on sent qu’il cherche à bien faire les choses, à donner à son film une touche bien à lui. La photographie est soignée, les cadrages travaillés, et la musique de Harry Manfredini (Vendredi 13, Wishmaster) est des plus réussies et assure la cohésion du film. C’est simple, à l’heure où j’écris ces lignes, j’ai fini de regarder le film depuis à peu près 4h, et pourtant je suis toujours en train de la fredonner. Alors clairement, House II n’est pas un chef d’œuvre et il n’en a aucunement la prétention, mais c’est le genre de petit divertissement qui fait du bien par où il passe, qui ne pète jamais plus haut que son cul, qui veut juste proposer un divertissement de qualité et qui y arrive haut la main. Pour moi, une suite supérieure à l’original.
House II est un pur divertissement des années 80, avec des personnages sympathiques et mémorables, des décors imaginatifs et des créatures fantastiques. Si vous aimez des films comme Gremlins, Critters, ou Extra Sangsues, vous aimerez House II.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-house-ii-la-deuxieme-histoire-de-ethan-wiley-1987/