Marusya Syroechkovskaya pose une caméra sur sa plaie béante dans l’espoir de se soigner et non - comme l’indique son titre rhétorique - pour sauver son ami mort, Kimi. Brisé par sa famille absente et impuissant face à un gouvernement qu’il ne comprend pas, Kimi a le même âge que Marusya lorsqu’ils se rencontrent, 16 ans à peine au compteur. Ils chantent du Nirvana et adoptent rapidement des chats : ils construisent une famille au fur et à mesure qu’ils deviennent de jeunes adultes. Pourtant, Kimi n’est jamais vraiment comblé et sombre dans les paradis artificiels. Les mauvais trip s’enchaînent, les abus deviennent inévitables et le divorce inéluctable. Un exploit de réel sur le long-terme : Marusya a le double de l’âge auquel elle a commencé son journal vidéo lorsqu’elle le finit, sur la tombe de sa moitié qui l’a abandonnée. Son dispositif est brut et nous plonge tragiquement dans la violence de deux destinées à l’horizon fatal, qu’on ne cesse de pressentir tout au long de ce témoignage précieux de la Russie des 16 dernières années.