Under the skins
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On a tellement pris l’habitude de fustiger le manque d’originalité du flot continuel de récits dont on nous abreuve hebdomadairement qu’il serait malhonnête de tuer dans l’œuf l’initiative voulant jouer la carte de l’insolite.
Cameron Mitchell nous emmène ici en 1977, au sein d’une bande de pote branchés punk et englués dans la lose propre à leur âge, qui vont rencontrer de sublimes créatures à ce point inaccessibles à leur rang qu’elles en viennent d’une autre planète.
Nous voici donc dans une farce britano-rock, qui prend à bras le corps les joies excessives du vintage visuel (voir les postiches et le maquillage de Nicole Kidman, qui n’a peur de rien) et nous reconduit vers l’atmosphère d’Orange Mécanique en termes de rock, et plutôt vers les séries Star Trek version pyjama sixties pour ce qui est de l’aspect SF. Ce mélange improbable a ses ratés, est un peu long, mais occasionne aussi de belles idées (comme le fait de se crier dans la bouche, par exemple) qui lorgnent du côté des délires de Greg Araki.
On pourrait se fatiguer assez rapidement si n’intervenant l’alien le plus touchant du cosmos en la personne d’Elle Fanning, qui, je le confesse, se trouve en passe de me faire voir à peu près n’importe quel film la mettant en scène. La comédienne retrouve ici Nicole Kidman avec qui elle partageait déjà l’affiche des Proies, présenté lui aussi sur la Croisette 2017. Le couple qu’elle forme avec le protagoniste et son rôle (éculé, il est vrai) de la persane découvrant les étranges usages du monde des hommes lui permet une fraîcheur qu’elle seule peut à ce point incarner, et qui la met aux antipodes de la beauté marmoréenne qu’était la sienne l’année d'avant dans Neon Demon, tout en conservant cette capacité à fasciner.
Il en fallait tant, et notamment une scène absolument fantastique dans laquelle elle s’initie au punk on stage, pour faire passer la pilule d’un récit qui s’enlise un peu et dont les règles scénaristiques semblent s’écrire au fur et à mesure de délires psychédéliques aussi violents pour la rétine que les tympans. Surtout lorsque celui-ci finit par se prendre un peu au sérieux et condamne la jolie créature du cosmos à suivre les traces oubliables de Leelo dans le Cinquième Élément sur la découverte de cette fameuse notion sublime qu’est l’amour humain.
Restons-en là : la carte blanche accordée à un cinéaste en roue libre, et qui en a à revendre en termes de palette chromatique et puissance d’imaginaire, en dépit de ses maladresses. Le genre de fantaisies Hors Compétition qui permet à Cannes de donner à voir toute la production cinématographique mondiale, et de ne pas rester dans sa tour d’ivoire élitiste….
Et permettre à Elle Fanning de monter les marches deux fois.
(6.5/10)
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Science Fiction, OFNI (Objet Filmique Non Identifiable), Film dont la musique est un des protagonistes, Les meilleurs films avec Elle Fanning et vu en salle 2017
Créée
le 20 juin 2018
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