La nature dite documentaire du film est discutable, il s'agit presque d'un conte. Enfin, le sujet est centré sur la vie et l'oeuvre de Hubert Robert, c'est indiscutable. Un documentaire poétique alors. Bref, la dimension prédominante est la narration à la première personne dont l'intonation semble primordiale aux dires de Sokourov (relaie la dimension poétique de l'image de mon point de vue). Le récit mélancolique mêle représentation théâtrale No (apparemment fasciné par un certain japon en tant qu'il est, comme l'Angleterre, le gardien d'une culture ancienne préservée avec un conservatisme très marqué, raffinée et ouverte aux mystères, à l'impénétrable...), citation de Dostoïevski et éléments biographiques de Hubert Robert. Ce dernier idéalisait l'Antiquité tout comme les artistes de sa génération, avec une approche particulièrement grandiose. Sokourov est intéressé par la concordance de l'artiste avec son temps, le fait qu'il soit "en phase". Mais dans son approche monomaniaque de la peinture classique, il n'est pas toujours aisé de graduer la part de réactionnaire (ses propos dans la presse sur la dégradation de l'art au XXème siècle soit-disant consécutive au tournant libéral des moeurs !), dans ce qui n'est peut-être que passéisme, pessimisme, à une époque très sombre de la Russie (1996).