La bande-annonce du film Hugo Cabret m'avait donné une forte envie de pleurer, je me demandais comment Scorsese a pu en arriver là, à réaliser des films niais pour Noël destinés aux enfants. Comme quoi il ne faut pas nécessairement se fier aux bandes-annonces, j'ai été vraiment agréablement surpris par ce Scorsese même si il reste un cran en-dessous des meilleures oeuvres du cinéaste.
L'univers du jeune Hugo et de ce Paris des années 30 un poil idéalisé reste tout de même enchanteur. Sur un plan purement technique je reste sur une drôle d'impression. C'est vraiment bien filmé, il y a d'excellents mouvements de caméra, c'est fluide mais le numérique gâche un peu la beauté visuelle du film, je ne suis vraiment pas fan de cette technologie. Et la 3D je trouve ça totalement inutile, ici elle n'est pas gênante mais bon ras le bol de porter des grosses lunettes bien lourdes à chaque fois que je vois un film, à partir de là forcément ça n'allait pas me convenir. Reste que la virtuosité de la réalisation et certains plans plutôt ingénieux retiennent notre attention. L'histoire se met progressivement en place, Scorsese introduit les personnages et les peint de manière habile, il n'y a pas de manichéisme, un peu dâ??ambiguïté, on a du mal à cerner le vieux Georges au départ qui paraît plus sadique qu'autre chose et le chef de gare, interprété par Sacha Baron Cohen, évite d'être traité avec le schéma classique du "méchant", ça reste un homme plutôt bon malgré son zèle hallucinant.
Ca commence tout doux, le film a un côté aventuresque qui ne casse pas trois pattes à un canard mais reste plutôt plaisant à suivre. Mais dès que Scorsese se met à parler Cinéma, mes yeux d'enfant se sont mis à briller. La deuxième partie du film nous racontant les débuts du cinéman des frères Lumière en passant bien sûr par Méliès mais aussi les multiples clins d'oeil à quelques oeuvres mythiques de l'époque du muet, les Feuillade, Safety Last avec sa célèbre scène de l'horloge. D'ailleurs j'adore cette scène où les deux jeunes vont voir ce film au cinéma, j'ai trouvé ça tout mignon et touchant. Scorsese déclare un amour sincère au Cinéma et j'adhère à cette magnifique déclaration, quel art magnifique n'empêche.
Certes le film a ses défauts, un humour un peu pataud, une fin maladroite, une première partie pas des plus palpitantes (sans être mauvaise pour autant) et l'utilisation trop marquée du numérique mais toute cette partie sur le Cinéma, sur l'esprit de Méliès, ça a quelque chose de magique, à la hauteur de ce que le Cinéma peut nous donner à savoir le rêve. De temps en temps ça fait du bien, en tout cas non seulement ça m'a donné envie de voir davantage de films de Méliès mais en plus j'ai trouvé ce film vraiment rafraîchissant. Bon je préfère voir DeNiro en train de se talkin' to him ou Joe Pesci tabasser des mecs à coups de crayon chez Scorsese mais en fin de compte j'ai passé un bon petit moment devant ce petit film tout mignon, qui même si il est loin d'être grandiose reste sincère dans sa démarche et très divertissant. Que demande le peuple?