Hugo Cabret par Roland Comte
Synopsis
L'histoire se situe à Paris dans les années 30. Hugo Cabret, 13 ans (Asa Butterfield), a perdu son père, horloger (émouvant Jude Law) dans un incendie. Il a ensuite été recueilli par son oncle Claude, un alcoolique, qui habite sous les toits de la gare Montparnasse dont il a la charge de remonter les horloges et de veiller à ce qu'elles soient à l'heure. Il a le temps d'enseigner à Hugo son travail avant qu'il ne se noie dans la Seine. Hugo se retrouve alors seul, ignoré de tout le monde, chapardant pour survivre aux étals de la gare en évitant de se faire arrêter par l'effrayant garde (Sacha Baron Cohen) et son chien féroce, Maximilien.
Pendant le peu de temps libre que lui laissent l'entretien des horloges et la recherche de nourriture pour survivre, Hugo passe tout son temps à essayer de réparer le seul objet qui lui reste de son père, un automate métallique, volant les pièces qui lui manquent dans la boutique d'un réparateur de jouets, Papa Georges (le toujours inquiétant Ben Kingsley).
Un jour, alors qu'il le croit endormi, celui-ci, qui le surveillait depuis des jours, lui saisit la main et l'oblige à vider ses poches et à lui rendre tout ce qu'il lui a pris. Dans sa poche de gauche, Hugo garde un petit carnet rempli de croquis dessinés par son père qui représentent les rouages de l'automate. C'est son bien le plus précieux, ce qui le rattache à son père et lui permettra peut-être un jour de faire fonctionner l'automate dont il est persuadé, à tort ou à raison, qu'il a pour mission de lui transmettre un message de son père. En voyant le carnet, Papa Georges a une réaction bizarre. Il paraît surpris, mais aussi bouleversé et furieux. Malgré les pleurs de l'enfant, il lui confisque son cher carnet et menace même de le brûler une fois de retour chez lui. En attendant, il oblige Hugo à travailler pour lui, lui faisant réparer des jouets cassés, en commençant par une souris mécanique, tombée par terre lors de la dispute pour le carnet.
Papa Georges est aussi le tuteur d'une fillette de l'âge d'Hugo, Isabelle. Celle-ci console Hugo, le convaincant que son tuteur n'est pas si terrible qu'Hugo le pense et qu'il ne mettra pas la menace de détruire le carnet à exécution.
En réalité, on découvrira par la suite que Papa Georges est le fameux réalisateur de cinéma Georges Méliès, que tout le monde croyait mort. Suite à de mauvaises affaires dans lesquelles l'a entraîné sa passion pour le cinéma, il s'est ruiné, a vendu ses studios, brûlé ses décors et détruit ses films et vit chichement de son activité dans la boutique de réparateurs de jouets.
Mon opinion sur ce film
Les salles d'Aubenas n'étant malheureusement pas encore équipées en 3D pour la sortie de ce film qui a été réalisé pour cette nouvelle technique, je n'ai donc pu en apprécier tout ce qu'elle peut apporter lorsqu'elle est bien utilisée et je le regrette.
Cela ne m'a pas empêché de trouver ce film magnifique. C'est un enchantement, totalement inattendu de la part d'un réalisateur comme Martin Scorsese qui nous a plutôt habitués à la noirceur et la violence. Certes, de la noirceur, il y en a, dans ce film atypique, ne serait-ce que par la situation d'Hugo, laissé seul à lui-même dans un monde dont la dureté est terrible. Mais il y a dans ce film tellement de belles choses et de beaux sentiments que cette noirceur passe, en fin de compte au second plan.
Je suis étonné du peu de publicité qui a été fait autour de ce film que seul mon instinct (et aujourd'hui, une excellente critique de Frédéric Strauss dans le Télérama du 14/12/2011 - je considère comme négligeable la version "contre" de Jacques Morice tant elle paraît "téléphonée"). J'ai trouvé ce film épatant à tout point de vue. N'hésitez surtout pas à y aller en famille car, dans ce film, Scorsese a retrouvé son âme d'enfant (et de cinéaste et amateur de cinéma averti) pour notre plus grande joie.
Hugo Cabret est adapté d'un roman « L’invention d’Hugo Cabret » écrit et illustré par Brian Selznick publié en 2007, qui est devenu, depuis sa sortie, un best-seller mondial, traduit dans des 10es de langues. L’auteur décrit lui-même son œuvre comme « n’étant pas exactement un roman, ni un ouvrage illustré, ni un scénario de film, mais un mélange de tout cela ». Il ne se figurait pas que le grand Martin Sorsese, plus habitué aux films noirs et violents (Gangs of New York, Les infiltrés) ou morbides (Shutter Island), se passionnerait pour ce livre pour enfants au point d’en acheter les droits et de vouloir l’adapter pour notre plus grand plaisir.
En voyant le film, on comprend mieux pourquoi Scorsese a été fasciné par le livre car c’est un grand cinéaste et un vrai amateur de cinéma (c’est cette passion qui l’avait aussi conduit à s’intéresser à la vie extraordinaire d’Howard Hugues, dont il tira le très beau biopic Aviator avec le grand Leonardo DiCaprio dans le rôle du milliardaire fou). Le livre lui-même s’est beaucoup inspiré de la vie du pionnier du cinéma muet, Georges Méliès, qui fut, avant de réaliser ses premiers films, un illusionniste de talent, un collectionneur d’automates et un inventeur génial.
On retrouve tout cela et plus encore dans Hugo Cabret, plus de très belles images du Paris du XIXe siècle, une grande poésie, une esthétique très travaillée et beaucoup d'émotion. Une réussite qui n'est pas sans rappeler l'univers de l'injustement méprisé A la croisée des mondes, et vient prendre agréablement la relève des Harry Potter, Chroniques de Narnia et autres Eragon.