" Huit et demi " : Sa mise en scène , sa mise en abyme , sa mise au panthéon ...
Bon allez courage !!
Difficile d'attaquer de face une oeuvre aussi intense, aussi dense et impressionnante que ce huitième film et demi du grand Federico.
Tout d'abord, je dois avouer qu'il y a dèja quelques années que je n'ai pas revu ce film. Mais il est aussi vrai que je l'ai regardé à de très nombreuses reprises durant mes jeunes années, pour essayer de décrypter ces images en noir et blanc, d'une beauté inouïe et d'un hermétisme excitant ma curiosité . De démêler le fil d'un scénario, dont je compris bien plus tard, qu'il n'était qu'un alibi alambiqué pour laisser libre cours à la vision féerique et poétique du cinéaste de Rimini.
Effectivement on comprend vite que ce Guido Anselmi ( campé par l'un des plus grands acteurs de l'histoire du cinéma : Le sublime Marcello Mastroianni !) n'est autre que Fellini lui-même et qu'on est parti pour 2h20 de mise en abyme.
Cette mise en abyme autour du réalisateur aurait pu rapidement s'avérer nombriliste et totalement stérile, mais le génie du maître en a décidé autrement.
Ces thèmes que le maître Italien brasse dans le film, qui semblent si personnels ( et qui le sont, d'ailleurs.) ,sont aussi fortement universels; et touchent dans leurs différences et leur diversité, chacun de nous.
Réflexion sur l'Art, sur le processus (complexe et aléatoire) de création, sur le tarissement de la veine artistique. Sur la dépression. Sur l'amitié et les rapports humains. Sur la famille. Sur le sexe.
Un film mêlant divinement réel et imaginaire. Nous laissant flotter, vaporeux, ne sachant où poser le pied. Nous perdant, au fur et à mesure, dans le labyrinthe cérébral de Guido. Entremêlant les souvenirs émouvants de ses parents, ses 5 à 7 avec sa pulpeuse maîtresse et ses fantasmes sexuels débridés où ils dressent à coups de fouet les nombreuses femmes qui ont traversées sa vie.
Un film qui de toutes façons ne laisse pas de marbre. On l'adore. On le déteste. Mais on réagit....
Et puis ce final !!
Ce final où le réalisateur met en scène sa propre vie (Au son du thème génial de Nino Rota!!)..Où chaque amis, parents, femmes, maîtresses, collègues, connaissances prennent vie, s'articulent comme des pantins sur les ordres du réalisateur; enfin maître de son destin et de ses désirs. Prouvant ainsi, que la vie, notre vie, n'est qu'un grand cirque, une grande arène où s'ébattent les gens que nous voulons bien y mettre.
Et Fellini nous démontrant, in fine, qu'il nous faudrait être les réalisateurs tout-puissants de nos propres vies.
Et faire, ce qu'a fait Fellini tout au long de sa carrière, un grand, un immense film de sa propre vie.
http://www.youtube.com/watch?v=YHCIg4sQWIE