J'arrondis à neuf parce que j'aime pas les demi-mesures.
Huit et demi, j'en avais entendu parler mais cela ne m'avais jamais attirée. Peut-être à cause de son titre ésotérique, et puis des autres films de Fellini qui m'avaient laissée une impression mitigée à la suite de longues séances de projections dans des salles de classe étouffantes avec des VHS de qualité médiocre.
Et bien, j'avais tort.
J'ai découvert avec ce film que Fellini pouvait aussi faire des films splendides et pas seulement beau. La photographie noir et blanc, extrêmement contrastée, renforce le coté poétique du film, qui mêle les fantasmes, les souvenirs et les soucis sentimentaux et professionnels d'un réalisateur en manque d'inspiration d'un réalisateur, double de Fellini, incarné par Marcello Mastroianni qui cherche à se reposer dans une station thermale.
Ce film ne raconte rien si ce n'est sa propre création, il est en cela profondément autotélique (cela fait toujours bien de caser cet adjectif quelque part). Mastroianni visionne des bouts d'essais des séquences que l'on a vu auparavant, il se pose des questions sur ce qu'il doit ou non montrer, le critique interprète le film et ses intentions alors qu'il n'a rien terminé.
Tout le petit monde du cinéma, telle une troupe de théâtre, attend le bon vouloir du réalisateur qui ne sait plus quoi raconter. On sent évidemment que c'est un film autobiographique, que Fellini comme à son habitude, transpose des éléments de sa propre vie. Mais contrairement à Amarcord qu'il réalisera dix ans plus tard, ses souvenirs d'enfance ne sont que de courtes séquences, nimbées d'onirisme.
Mastroianni a la classe en toute circonstances, même drapé en orateur romain avec son chapeau noir vissé au crâne et un fouet dans une main. Claudia Cardinale est enchanteresse, Anouk Aimée est parfaite en femme de réalisateur trompée.
Huit et demi est un divertissement de gourmet, beau et bon à la fois à consommer sans modération.
C'est décidé, je me lance dans une rétrospective Fellini.