Un miroir brisé irlandais
Odd Man Out nous montre un petit groupe d'indépendantistes en Irlande du Nord dont le chef est sorti de prison il y a peu de temps. Ce dernier, idéaliste, est cependant confronté à la nécessité de renflouer leur finance pour continuer à véhiculer leurs messages politiques, il organise donc un rapide braquage au cours duquel il se fait tirer dessus, pour se défendre il tire lui aussi et malheureusement tue ce gardien.
Peut commencer la débandade pour ce groupe plutôt bien organisé mais dont la fuite est précipitée : il laisse pour mort derrière eux leur chef blessé, celui-ci se terre alors dans les ruelles en se vidant peu à peu de son sang, la traque peu commencer.
Ne vous attendez pas à des courses poursuites effrénées, malgré quelques coups de feu, ce petit délice se construit à l'image d'un road movie mais au sein de la ville, passant de quartiers en quartiers mais surtout de rencontres en rencontres, elles sont autant d'occasion pour nous présenter des visages différents de cette Irlande qui ne sait pas toujours sur quel pied danser. On croisera un candide éleveur d'oiseaux, un prêtre aux bienveillantes intentions, un tenancier de bar craintif, une femme aux yeux de biche, un conducteur de calèche un peu surpris, un cynique ancien étudiant en médecine, une femme au foyer ayant suivi les cours de premier secours et un peintre alcoolisé cherchant le regard de la mort dans un souffle de folie ...
L'ensemble des acteurs sont merveilleux, tous très justes, émouvants, James Mason est exceptionnel, doux, charismatique, déterminé, souffrant et Kathlenn Ryan est touchante, fragile et belle à croquer ! Toute la gallerie des seconds rôles n'est pas à oublier puisque aucun n'est mauvais, une belle collection que voilà !
Le film en lui-même démarre doucement puisqu'il se lance avec l'abandon de Johnny, la tension ne fera alors que graduellement monter, chaque rencontre étant l'occasion de montrer une autre facette de l'homme, entre ce qu'il a de meilleur et de moins bon sans jamais sombrer dans un pathos ou des clichés communs. L'identité de Johnny et ce qu'il représente obligeant les personnes qui le croisent à complètement modifier leur perception de l'homme, refusant à chaque fois de se reconnaître en lui alors que celui-ci va et traine en s'affaiblissant mais paradoxalement brillant par d'autant plus de charisme tandis que presque illuminé il vacille dans la neige ...
Quel dommage qu'on n'ait pas plus travailler la traduction du titre, même La singulière sortie m'aurait d'avantage plu.
La vie est mal faite, mais bon elle est belle aussi.
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