Human Flow
Oeuvre monde autour de la thématique des flux migratoires et de l’immigration, Human Flow se vit comme une expérience artistique militante au coeur de la misère humaine. De visages en histoires...
le 20 févr. 2018
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[Remarques générales. Je n'ai pas envie de juger et noter des films que je n'ai vus qu'une fois, souvent avec peu de connaissance du contexte de production. Je note donc 5 par défaut, et 10 ou 1 en cas de coup de cœur ou si le film m'a particulièrement énervé. Ma « critique » liste et analyse plutôt les éléments qui m'ont (dé)plu, interpellé, fait réfléchir, ému, etc. Attention, tout ceci sans égard pour les spoilers !]
Au moment où j'écris, cela fait déjà deux semaines que j'ai vu Human flow, documentaire de l'artiste chinois Ai Weiwei autour de la crise des réfugié.e.s. Mes souvenirs sont donc un peu confus, d'autant plus que j'ai trouvé ce film plutôt complexe.
Human flow a une construction générale de patchwork, montrant des images de migrant.e.s de nombreux pays, dans des situations variées, traitant de nombreux aspects du phénomène, et alternant aussi sur le plan formel des dispositifs divers : plans esthétisants filmés au drone, entretiens, « événements » pris sur le vif, scènes quotidiennes dans les camps, cartons (d'explications ou de citations poétiques)...
Pendant le visionnage, j'étais dans un premier temps peu réceptif, trouvant certains choix discutables, et donc dans un état d'énervement/impatience. Et puis, à force d'y réfléchir, j'ai trouvé des explications possibles à ces choix, qui m'ont finalement plu.
Le premier point d'accroc est comme souvent dans de tels documentaires, la question esthétique. On accuse facilement les cinéastes abordant de tels sujets, lorsqu'iels ont recours à des procédés ostensiblement esthétiques, comme ici les plans géométriques filmés depuis le ciel, de sacrifier la forme au fond. Je ne crois pas du tout à l'incompatibilité entre choix artistiques forts et sujet sérieux (au contraire, j'apprécie lorsque qu'une forme originale accueille un discours, ce qui est le cas ici) ; mais cela pose la question du regard qu'Ai Weiwei pose sur les personnes qu'il montre. Question qui a duré un moment, mais, une fois le film terminé, j'avais l'impression d'un regard sans condescendance et très humain (comme dans le titre).
Le deuxième point est l'apparition importante du réalisateur lui-même à l'image, dans des scènes de surcroît plutôt banales le plus souvent. Au bout du compte, je n'ai pas l'impression qu'Ai Weiwei ait décidé de profiter de son ambitieux documentaire pour diffuser quelques images de lui façon film de vacances. J'interprète ce choix comme une manière de résoudre le problème de la place du documentariste : en se filmant, Ai Weiwei nous rappelle constamment que le film a un créateur, qu'il se trouve sur place, que c'est lui qui choisit ce qu'il nous montre, comment, dans quel ordre...
Enfin, je me souviens avoir été très étonné de voir plusieurs fois des plans anecdotiques montrant des animaux, à la manière de vidéos-de-chats-sur-YouTube, et même une séquence entière consacrée au rapatriement vers des cieux plus favorables d'un... tigre. C'est cette séquence qui, en me rappelant le texte Chto de Sonia Chiambretto, dans lequel une réfugiée Tchétchène répète « nous sommes des animaux », m'a apporté une justification à ces scènes : le parallèle montre que les humains ne reçoivent pas un meilleur traitement que les chats errants. Et sans doute nous interroge sur notre manière de recevoir ces deux régimes d'images.
Bref, je suis difficile, je suis méfiant, mais une fois convaincu, je me laisse faire !
Pour finir, je recommande vivement Human flow, parce qu'il rend visible (et concrète, et incarnée) une situation qui touche des millions de personnes et à laquelle les médias mainstream consacrent sans doute moins d'attention qu'à la météo parisienne, et si possible sous forme de statistiques impersonnelles. (Pourtant c'est plutôt utile d'être renseigné.e sur des sujets politiques majeurs qui nous touchent directement.)
(Merci à mon ami Maxime, qui disait si bien Chto sur scène, de m'avoir indiqué la référence exacte.)
Créée
le 21 févr. 2018
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