Partant d'un sujet fort, Steve McQueen ( un nom déjà très porteur niveau cinématographique) nous offre une oeuvre coup de poing.
Mais attention, ça se mérite.
Ici, le réalisateur ne vous prendra pas par la main, ne cherchera pas à forcer le trait pour vous émouvoir, il montre juste la réalité telle qu'elle est : crue et sans pitié.
La violence ici n'est pas esthétique, elle est brutale, elle saute à la gueule, nous prend par les tripes.
Certaines scènes sont proches de l'insoutenable (on pense bien sûr au 20 dernières minutes où on assiste impuissant à la dégradation d'un corps), d'autres nous rendent fous de colère (la rafle des CRS dans la prison)
Pour frapper les esprits, McQueen a décidé d'être économe.
Économe en musique, en parole, en effet stylistique. Ce sont leurs raretés qui font leurs forces.
Rien n'est fait au hasard. Le long plan séquence où dialogue Bobby Sands avec le prêtre résume à lui seul toutes les intentions du personnages mais aussi le message que veut nous transmettre le réalisateur. (intentions de Bobby et jugement et incompréhension du prêtre)
Et comment oublier Michael Fassbender qui interprète ce leader de l'IRA de façon impeccable.
On l'écoute, on s'énerve avec lui, on souffre avec lui et d'une certaine façon, on part avec lui.
Attention, le film n'est pas parfait. Le réalisateur développe certains éléments et certains personnages qui dès la mise en place de la grève de la faim disparaissent complètement.
Par exemple (Spoiler), je ne suis pas sûr que la mort du gardien de prison soit à sa bonne place. Peut être qu'un parallèle avec celle de Bobby aurait put rendre le message de fin plus cohérent (Spoiler)
On sent aussi qu'il a voulu rester neutre, nous dire qu'il n'y a ni bons, ni de mauvais dans cette affaire, que tout ça est bien plus compliqué.
C'est un combat entre 2 nations qui font chacune leurs victimes ( les prisonniers comme les gardiens de prisons).
De ce point de vue là, il passe un peu côté. Y a une superbe image qui nous montre que les anglais ne sont pas tous des enfoirés, c'est vrai mais elle est presque hors sujet avec le reste du film.
Malgré ça, Steve Mc Queen m'a retourné avec un film aussi brutal que contemplatif..
C'est un film de résistant, une résistance à toute épreuve, quasi obsessionnelle voire quasi égoïste (fait il ça pour la nation , ou pour lui / pour son fils ou pour lui )
McQueen nous offre une chose rare dans un film, la droit d'avoir notre propre interprétation.