Hunger fait partie de ces films coup de poing qui vous laissent déboussolé après visionnage. Vous êtes là scotché devant votre écran, à écouter les battements de votre cœur et votre souffle, comme une réminiscence des derniers instants de ce film.
On pourra critiquer la lenteur et le dépouillement quasi-clinique -ce qui est très paradoxal quand on passe un tiers du temps à observer des murs badigeonnés d'excréments- mais ces éléments ne font pour moi qu'ajouter à la force, la brutalité de Hunger.
Les personnages se suivent sans qu'on ne sache qui ils sont, et beaucoup de questions soulevées demeurent sans réponse. Tout simplement car ceci n'est qu'anecdotique et ne ferait que perturber le fil du film, en polluer la substance. Pourtant, cela n'empêche pas d'avoir de la sympathie, de l'empathie ou du mépris pour ces hommes, et quelques rares femmes.
Mais ce qui est intéressant dans Hunger c'est que là où un film comme Au nom du père mettait en opposition le système carcéral à un duo de prisonniers innocents, on se prend ici d'empathie pour des criminels. Quand bien même les actes qu'ils commettent sont affreux -comme rappelé succinctement, jusqu'où peut-on aller dans l'horreur? Comment des êtres humains ont-ils pu, peuvent-ils en traiter d'autres de la sorte? Comment peut on déshumaniser à ce point un aussi grand nombre d'hommes?
Je ne vais pas m'étendre sur le jeu d'acteur, l'ambiance glaçante et pesante, ou même la photographie -superbe cela dit- car ce ne sont pas vraiment mes domaines d'expertise et d'autres sauront mieux le faire que moi!