Il n'y a que l'art qui m'aille !
Steve McQueen est un réalisateur très exigeant envers ses spectateurs. Il ne les prend pas pour des cons, je dirais même qu'il les prend pour des gens extrêmement intelligents, et ça... ça fait plaisir !!!
Cette exigence vient sûrement de son passé d'artiste contemporain qu'il lui permettait alors d'exprimer son sens créatif sans aucune limite. Avec "Hunger" en revanche, il décide de mettre un pied dans un univers bien plus fermé sur le plan de la liberté artistique ; le cinéma.
Nous voilà donc face à une première œuvre d'une maîtrise terrifiante. Steve McQueen impose sa patte et son style unique dès les premières minutes du film qui nous montre, sans dialogue, un homme se préparer pour aller au travail. Et, petit à petit, toujours par le biais de l'image, on comprend qui il est, où il va et c'est là que réside tout le cinéma de McQueen, la suggestion plutôt que l'explication. Le non-dit est un outil dangereux avec lequel McQueen bricole comme personne. Il connaît le pouvoir d'une composition de cadre, d'un montage qui prend son temps et n'hésite pas à en faire son leitmotiv.
Sachez-le donc, Steve McQueen exige de ses spectateurs une attention permanente qu'il obtient, avec moi en tout cas, principalement par la beauté formelle de ses images. Et quel meilleur exemple que "Hunger" dont le sujet regorge de situations et de lieux tout sauf esthétiques mais le regard d'un artiste à des pouvoirs que la raison ignore.
Bizarrement, McQueen me fait penser dans sa démarche à Andreï Tarkovsky. En effet, les deux hommes ont comme point commun une exigence peu commune envers leurs spectateurs. Faisant fît des règles basiques du cinéma, ils décident, chacun à leur manière, de le ramener à ses fondamentaux, à savoir une forme d'expression artistique. D'aucun devraient s'en inspirer...