Détestable
Alors bon il y a quelques incohérences, une bonne vingtaine de facilités de scénario durant les Hungers Games (un peu le même jeu que celui de Battle Royale), une bêtise assez constante, un final...
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le 24 mars 2012
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- Alors Peeta, dis-moi, as-tu une petite amoureuse chez toi ?
- Non, non pas vraiment.
- Non ! Je ne te crois pas une seconde mon grand, regardez moi ce visage, un garçon aussi séduisant ! Peeta… dis moi.
- Voilà, il y a… il y a bien une fille qui me plaît depuis toujours.
- Ah !
- Mais elle ne savait même pas qui j’étais, en tous cas pas avant le jour de la Moisson.
- Bon ! J’vais te dire un truc Peeta, tu vas entrer dans l’arène, tu vas remporter les Hunger Games et lorsque tu rentreras chez toi, je peux t’assurer qu’elle n’aura d’yeux que pour toi. [Au public] J’ai pas raison ?
- Je vous remercie, mais le fait de les remporter ne m’aidera pas…
- Eh pourquoi ?
- … Parce qu’elle est venue ici avec moi…
Hunger Games basé sur l'œuvre en trois volumes du roman éponyme de Suzanne Collins, est une œuvre réalisée par Gary Ross qui s'inscrit dans "l'âge d'or" du teenage movie adaptée de saga littéraire pour adolescents, lancé fin des années 2000 avec la fièvre « Twilight ». Un genre obéissant à des règles précises que le film parvient (toute proportion gardée) à nuancer en visant un public plus large, malgré une construction dramatique dans laquelle on aborde des problématiques typiquement ados comme celle du premier amour, mais que le récit à l'intelligence de diluer à travers un jeu de dupes malsain. Hunger Games nous entraîne vers un concept intéressant dans lequel il est question du « Capitole » : la capitale de l'état fédéral de "Panem", appartenant à une société futuriste située en Amérique du Nord créé sur les cendres d'une civilisation autrefois détruite à cause des catastrophes naturelles qui ont entraîné une guerre impitoyable entre les survivants pour les ressources restantes. Une terrible apocalypse à laquelle l'humanité à pu survivre grâce à l'élaboration d'une société décomposée en treize districts spécialisée dans un seul domaine de compétence faisant un des segments de l'économie de Panem.
Le District 1 : spécialisé dans l'industrie du luxe ; le District 2 : dans l'industrie de la maçonnerie et de la charpenterie ; le District Trois : la technologie ; le District Quatre : la pêche ; le District Cinq : la production d'énergie et d'électricité ; le District Six : l'industrie du transport ; le District Sept : la production du bois et du papier ; le District Huit : la fabrication de textiles et de vêtements ; le District Neuf : la production céréalière ; le District Dix : l'élevage du bétail ; le District Onze : l'agriculture ; le District Douze : le charbon ; le District Treize : la production de graphite. Une dictature tyrannique pour un régime totalitaire qui tient d'une main de fer une civilisation pour en tirer tous les bénéfices. À l'origine d'une terrible guerre civile appelée "Jours Obscurs". Un soulèvement que le Capitole réprimera en anéantissant le district Treize. En réponse à ce jour funeste, les Hunger Games furent créés. Chaque année depuis 74 ans, l'ensemble des districts doivent envoyer un homme et une femme âgés de 12 à 18 ans dans la Capitole pour se battre à mort dans une arène gigantesque lors d'un événement annuel télévisé. Un acte barbare pour rappeler aux districts l'autorité incontestable du Capitole et dissuader toute nouvelle tentative de révolte.
Un contexte haletant qui entraîne le spectateur dans un monde post apocalyptique convaincant par le biais d'un scénario intelligent qui peut être divisé en deux parties. La première : pose les enjeux et le contraste glauque de son environnement avec la cérémonie de la « Moisson », où sont tiré au sort les tributs pour les Jeux. C'est là, que Katniss (Jennifer Lawrence) va se porter volontaire pour prendre la place de sa petite sœur de 12 ans : Primrose (Willow Shields), tirée au sort. Elle est rejointe par Peeta (Josh Hutcherson), l'autre sélectionné. Une première moitié qui malgré sa lenteur de rythme parvient à captiver grâce à la découverte de ce monde abject dans lequel une terrible lutte des classes sévie. Un véritable contraste entre le Capitole symbolisant la richesse, où toutes les extravagances ont lieu via une population nocive détestable totalement décalé du cadre difficile et terre-à-terre des districts les plus pauvres, comme avec le district Douze auquel nos héros appartiennent. Une opposition qui trouve son symbolisme dans une séquence de démonstration de tir à l'arc singulière. Une scène durant laquelle Katniss transperce d'une flèche une pomme dans la bouche d'un cochon servi à un jury supérieur hautain. Auquel elle ajoute : « Merci pour votre considération ! » Un instant jubilatoire qui va lui permettre de marquer des points importants auprès des sponsors qui peuvent intercéder durant l'Hunger Games en offrant du matériel important.
« - Tu as fait quoi ?!
- J’ai tiré sur les juges.
- Tu as tiré sur les juges ?
- Ils ne me m’écoutaient pas. »
Vous êtes la petite étincelle qui pourrait embraser Panem.
La deuxième partie laisse place à l'Hunger Games. Un passage attendu qui étonnamment s'avère être bien moins convaincant. La faute au studio qui pour s'assurer d'engranger un maximum de bénéfice n'a pas voulu se fermer à une tranche du public par une interdiction, si bien que de nombreux artifices sont mis en place pour diluer la violence. Combats brefs, caméra tremblante pour ne pas tout saisir, détournement d'objectif lors des mises à mort... Une posture de camouflage navrant ayant pour seul résultat d'amoindrir grandement la tension du récit au point de se désintéresser de quelques situations. Ajoutez à cela une réalisation capricieuse là aussi découpée en deux parties : avec une première qui laisse libre cours à une belle performance artistique, et une seconde qui use d'effets spéciaux horribles comme avec les chiens mutants. Un gâchis grotesque offrant une confrontation anecdotique à une partie qui aurait dû frapper fort vu le contexte. Les éléments voyeuristes vicieux du cadre et la construction dramatique entre les personnages parviennent à rendre cette seconde partie plus digeste, mais le résultat final reste frustrant et décevant.
Jennifer Lawrence sous les traits de Katniss Eberwine est parfaite. Une jeune femme de 16 ans, qui est le pilier de sa famille. Chasseuse hors pair, elle mène une existence précaire dans laquelle elle doit braconner en dehors du périmètre de son district pour survivre. Elle va utiliser ses compétences de tir à l'arc durant l'Hunger Games. Un beau personnage doté d'une substance dramatique savamment dilué par un caractère fort et passionné. Le symbole du geai moqueur de Katniss symbolisé par une broche est très bien trouvé. « Katniss la fille du feu. »
Peeta Melark par Josh Hutcherson offre une performance sympathique. La construction dramatique mise en place entre lui et Katniss est habile. Alors que le récit pourrait tirer sur une histoire mélodramatique autour d'un triangle amoureux comprenant Katniss, Peeta et Gale Hawthorne par Liam Hemsworth, il va jouer de cette configuration typique des schémas littéraires adolescents pour se focaliser autour d'un jeu de faux-semblants. Une ambiguïté qui maintient son mystère jusqu'au bout puisque l'on ne parvient pas à deviner si l'amour entre Katniss et Peeta est sincère, ou bien s'il est simplement dû à une tentative de se mettre dans la poche le public et les sponsors pour tirer en tirer avantage durant le Jeu.
« - Tu m’aimes, réel ou pas réel ?
- Réel. »
Alors, amants maudits du district 12, ou pas ?
Passer cette construction émérite, les personnages secondaires qui participent à l'Hunger Games sont inexistants ! On passe totalement à côté des autres sélectionnés si bien que lorsqu'un d'entre eux vient à mourir, on s'en fout royalement. Seule "Rue" par Amandla Stenberg sort du lot. Rue sera à l'origine d'une scène touchante avec Katniss qui l'accompagne d'une chanson bouleversante lors de sa mort. Un beau moment.
« Sous le vieux saule, au fond de la prairie,
L’herbe tendre te fait comme un grand lit
Allonge-toi, ferme tes yeux fatigués,
Quand tu les rouvriras, le soleil sera levé
Il fait doux par ici, ne crains rien
Les pâquerettes éloignent le soucis
Tes jolis rêves s’accompliront demain
Dors, mon amour, oh, dors, mon tout-petit. »
Même Alexander Ludwing en tant que Cato, passe pour un antagoniste oubliable malgré ses efforts. Pour ce qui est du reste de la distribution, beaucoup de protagonistes insignifiants passent devant la caméra, mais quelques autres parviennent à marquer durablement en commençant par Donald Sutherland pour le Président Snow. Le véritable antagoniste de la saga. Le symbole du Capitole et du pouvoir fasciste en place. Le comédien amène beaucoup de charismes à son rôle inflexible doté d'excellents dialogues, notamment durant ses échanges avec Seneca Crane (Wes Bentley).
« - Pourquoi avons-nous besoin d’un gagnant ?
- Que voulez-vous dire ?
- Je veux dire, pourquoi avons-nous besoin d’un gagnant ? Si nous voulions juste intimider les districts, nous pourrions mettre les 24 tribus en rangs d’oignons et les exécuter, ce serait plus rapide !
- …
- L’espoir !
- L’espoir ?
- L’espoir, car c’est la seule chose plus puissante que la peur. Si peu d’espoir est favorable, trop d’espoir est dangereux. »
À noter que le final entre Snow et Crane est aussi diabolique que sadique, puisque Seneca est enfermé par le Président dans une salle avec les baies de sureau avec lesquels il devra se suicider. Un moment appréciable. Woody Harrelson en tant que "Haymitch", ancien vainqueur de Hunger Games et mentor désigné pour Katniss et Peeta est plutôt cool. Enfin, Stanley Tucci en tant que Caesar Flickerman, l'animateur vedette est génial. Il est la parfaite représentation d'une image de surface régie par le pouvoir en place dont il est un des plus importants acteurs. Le comédien donne tout ce qu'il a et ça se ressent.
Hunger Games de Gary Ross est une adaptation du best-seller pour ados de Suzanne Collins difficile à jauger. Loin d'être parfaite, pas honteux pour autant. Cette œuvre malgré une excellente prestation de Jennifer Lawrence servi autour d'un univers post-apocalyptique ambitieux résulte de l'idiotie du studio à vouloir absolument attirer un large public en compensant la violence d'un sujet pourtant violent par une censure symbolisée par des effets spéciaux et d'actions hideux. Si le récit à l'intelligence d'échapper à la mièvrerie du teenage littéraire typique articulé autour d'un triangle amoureux, il n'a pas l'intelligence d'échapper à l'avidité de ses concepteurs.
Un premier chapitre en demi-teinte dont on perçoit l'énorme potentiel, c'est frustrant mais pas irrattrapable. À voir avec le prochain volume !
Tu veux voir ce que je t’ai apporté ? C’est un geai moqueur, tant que tu le gardes sur toi, rien de mal ne pourra t’arriver, je te le promets !
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste « Hunger Games » : classement du meilleur au pire des films de la saga
Créée
le 2 juil. 2022
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