A ceux qui ont lu le livre...
Il n'y a pas à dire, Gary Ross a fait un excellent boulot au niveau de l'adaptation. L'essentiel du livre est là (mis à part quelques détails qui ne gênent pas vraiment la compréhension de l'histoire). Mais je dirais même qu'il a fait du trop bon boulot.
Je m'explique : dans la plupart des adaptations de romans fantasy destinés à la jeunesse (Harry Potter, Narnia, la Croisée des Mondes et tant d'autres), le réalisateur a toujours pris une part plus ou moins grande de liberté par rapport à l'oeuvre d'origine. Pour certains films, ça rend quelque chose de complètement différent, voire de carrément détestable, (oui, je pense à toi, innommable ratage de la Coupe de Feu !) ; pour d'autres, l'adaptation est plus fidèle, plus fine, sans tomber dans le copier-coller pur et simple.
Le copier-coller... C'est exactement mon problème avec ce premier opus des Hunger Games : les dialogues sont strictement similaires à ceux du livre, les situations s'enchaînent dans le même ordre... Seules quelques scènes, notamment celles qui font apparaître le Président Snow s'autorisent un peu de liberté par rapport au bouquin.
De là partent les principaux problèmes du film. Beaucoup de répliques sonnent faux dans la bouche des acteurs, en particulier celles de Katniss (surtout au début), de Prim, voire de Peeta. Pourquoi ? Parce que leurs dialogues sont calqués au mot près sur ceux du livre ; or l'intérêt d'une adaptation au cinéma est justement d'adapter les paroles et les situations pour les porter à l'écran. Qu'un livre utilise, même pour ses dialogues, un niveau de langue soutenu, c'est normal ; dans un film, entendre une fillette (surtout venant du District Douze, et non du Capitole) qui parle de la même façon, bah... ça fait bizarre !
Les adultes s'en sortent un peu mieux, sans doute grâce à leur expérience, mais surtout grâce à leurs rôles, qui leur permet de trouver un moyen de s'en tirer : pour Haymitch (Woody Harrelson), un ivrogne notoire, il est naturel d'écorcher des mots ou de modifier légèrement ses répliques (c'est son rôle qui le veut) ; pour Effie (Elisabeth Banks) et Cinna (Lenny Kravitz), il est plus naturel de les entendre parler de façon très soutenue, tous deux ayant grandi au Capitole. Idem pour le Président Snow (interprété par l'incomparable Donald Sutherland) ! J'adresse au passage mon admiration sans borne pour cet acteur qui a su se distinguer par ses rôles à la fois très nobles et très humains, ou, comme ici, a su incarner un parfait salaud.
Pour en revenir aux défauts du film, il n'y a pas que les dialogues qui sonnent faux. Certains personnages sont clairement présents pour la décoration : il fallait trouver 24 adolescents entre 11 et 18 ans ? On en a trouvé 24, mais le temps à l'écran des neuf dixièmes d'entre eux n'excède pas quelques secondes. Ce qui fait que lorsqu'on assiste à la mort de 22 d'entre eux, cela ne nous touche même pas (j'excepte bien sûr Rue et Cato qui, malgré son rôle de beau salaud, m'a quand même un peu secoué par sa mort).
Mais je ne peux pas me cantonner aux défauts du film. Car il possède quand même de très bons atouts : son casting, en premier lieu, qui, malgré son jeu un peu guindé, est de très bonne qualité. Il sera sans doute intéressant de les voir se développer au cours des prochains films. Ensuite, ses décors : c'est à peu près la seule chose qui m'a donné l'impression de ne pas voir le contenu du livre recraché directement à l'écran. Le responsable des décors, Philip Messina, est un parfait inconnu pour Wikipédia, je n'ais donc pas d'informations supplémentaires sur son travail mais il m'a agréablement surpris, en tout cas.
Un film avec pas mal de défauts, donc, mais qui possède toutefois des éléments encourageants pour la suite ! Un petit mot sur la musique, pour conclure, qui est assez étonnante : en réalité, elle est très peu présente, surtout à des moments où on l'attend le plus. C'est sans doute intentionnel, mais cela donne un côté bancal à certaines scènes (notamment celle où Prim, au début, est désignée et s'avance vers l'estrade.) Mais la partition étant signée James Newton Howard, je lui laisse le bénéfice du doute : c'est quelqu'un qui sait ce qu'il fait. Espérons qu'il en soit de même pour Gary Ross. À suivre, donc !