Embraser (v) : Définition; Chauffer très vivement quelque chose, le rendre brûlant. Synonymes; Passionner, exalter, enflammer, déchaîner.
Si le premier opus était une jolie étincelle prometteuse, cette suite est effectivement l'embrasement d'une saga qui devrait vite devenir aussi incontournable que son œuvre originel. La saga littéraire connaît aujourd'hui un grand succès, très certainement engendré par la réussite du premier film.
Hunger Games au cinéma devrait avoir le même impact positif qu'Harry Potter sur la relation entre la jeunesse et le lecture. Voilà déjà un mérite énorme.
Si l'appuie du texte de Suzanne Collins est évidemment un support extrêmement porteur, il ne s'agit pas que d'une simple adaptation. L'autre grande force c'est la mise en scène. Pas de précipitation, au contraire le rythme alterne avec justesse entre un démarrage posé, construit et de l'action vive et pleine d'entrain. Une accélération sans brutalité qui ne laisse place à aucun temps mort.
Malgré le changement de réalisateur, le style contemplatif est toujours là. C'est assez joli et plutôt neuf dans le genre. Le récit amène à une certaine répétition. Logique donc que la mise en scène se construise sur des bases similaires au premier film. Comme dans le précédent épisode ça commence par un tête à tête avant le grand départ, prévu celui-là. Si Katniss et Gale que ne racontent pas autant que dans l'excellente première scène d'ouverture, cette deuxième introduction pose délicatement les choses et c'est bien. On retrouve les rituels qui font les Hunger Games. La moisson, le train et sa mise en garde, le spectaculaire défilé des tribus, l'interview des candidats par l'excellent Caeser...
Tout ce protocole garde sa force et apporte à cette épopée toute sa singularité. Cela permet aussi de faire monter en puissance l'intrigue en faisant entrevoir l'approche des jeux. On voit le feux se propager peu à peu, tout va s'enflammer, c'est excitant.
L'originalité qui peut inscrire la saga en référence ressort avant tout des personnages. Le présentateur vedette qui en fait des caisses, le mentor alcoolique et drôlement cynique, l'ambassadrice grimée à la folie et excessivement portée sur les bonnes manières, la jeune marginale anarchique. Tous amènent légèreté et comique. Des répliques et faciès qui régalent en drôlerie. Cet apport d'humour est le contraste idéal à l'ambiance sombre qui règne encore, peut-être même d'avantage. Dans le récit ou dans son illustration la puissance dramatique de l'intrigue est véritablement assumée.
Quand le contexte de la révolution naissante est installée, que l'implantation des personnages dans celle-ci est bien dépeinte (surtout la complexité de la situation de Katniss, leader muselé), le spectacle commence. Le spectateur (du film comme des jeux) est torturé. Tiraillé entre l'attente d'un combat pour la survie et la conscience de son absurde, la nécessité d'en venir à bout.
La compassion immense qu'on finit par éprouver pour les parqués des district n'empêche pas d'escompter admirer la bataille royale. Et puis enfin arrivent les 75e Hunger Games, le show régale. Aucune baisse de régime, tout s’enchaîne. Avant qu'on ai le temps de trouver ça trop poussif, la cadence se met à l'heure du récit.
Car le film reste destiné aussi au jeune publique, on ne quitte jamais le politiquement correct. L'horreur que peut atteindre l'imbécillité humaine est plutôt épargnée, toujours préserver une lueur d'espoir.
L'incendie allumé à la fin est immense et ça devient très bouillant. Haletant, exaltant et maîtrisé, l'embrasement nous rend impatient de vivre la suite de la guerre du feu.
