Vous connaissez ces moments.
Vous venez de passer une semaine exécrable et pour vous faire vraiment toucher le fond, vous décidez, le vendredi soir, d'aller claquer 12 euros (en plus vous êtes le roi des pigeons) dans la suite d'un nanard qui vous avait collé, il y a 2 ans de ça, un mal de tronche pas possible avec sa mise en scène de parkinsonien en phase terminale, sa direction artistique d'un mauvais gout audigiesque et son scénar qui vous avait donné l'impression d'assister à un accouplement malsain entre des fans de Twilight et de Battle Royale durant DEUX-HEURES-ET-VINGT-DEUX-P******-DE-MINUTES.
Il parait que parfois, on veut se faire du mal pour se sentir vivant.
Enfin, je paye donc mon ticket et m'installe dans cette salle primptanière remplie d'adolescent bourgeonneux.
Le film commence, et là première bonne surprise, le doublement de budget a permis à l'équipe du film d'investir dans un trépied et dans un nouveau réal qui n'a visiblement pas de vaseline tartinée sur les mains comme le précédent.
On continue sur de bonne base en explorant la relation prétexte Katniss-Peeta, qui était uniquement survolé dans le précédent volet, alors que c'était à mon sens, un point intéressant de l'intrigue.
Ah oui, j'en profite pour faire un aparté important : Je n'ai pas lu le livre. Et ne le lirais probablement jamais d'ailleurs. J'aurais trop honte de passer à la caisse de la FNAC avec ça dans les mains, prétextant que c'est pour ma petite soeur (qui dans la vraie vie à 30 ans). Je regarde un film pour ce qu'il est. Le fait que ce soit une adaptation ou pas, je m'en moque. Certaines adaptations sont d'ailleurs bien meilleures que le matériaux de base (un exemple : "Le Petit Nicolas", et je sais de quoi je parle, je l'ai pas vu).
Le début est donc un peu lent mais se laisse regarder. La direction artistique s'est calmée sur les substances, ce qui est fort sympathique pour mes nerfs optiques. Merci. Après Sarkozy vient Hollande, on est donc moins dans le bling-bling de très mauvais gout du premier et plus dans le réalisme de crise.
Le contexte politique, certes vu et revu pour quelqu'un d'un peu lettré, donc inédit pour moi, est plaisant et bien exploité scénaristiquement. Enfin, ça vole pas super haut non plus. Orwell peut encore reposer en paix. Mais c'est tout de même ce qu'il y a de mieux dans cet univers, et le premier avait tendance à trop l'oublier. Voir à pas le savoir du tout.
La mise en scène, classique, apporte l'ampleur nécessaire à ce genre fresque, qu'il n'y avait pas dans le premier. Eh oui, surprenant, on obtient pas ça avec une succession de gros plan zoomés/dézoomés.
On en arrive même à une certaine tension par moment (phrase floue et inutile, garantie sans spoilers).
Le problème du film, qu'il garde vis à vis du premier, ce sont ses personnages : soit archétypaux, soit faussement développés. Les tentatives de Peeta pour s'acheter du charisme tombent à plats avant même qu'il ai ouvert la bouche. Lenny Kravitz joue le rôle de Lenny Kravitz (on appelle cela l'effet "Petits Mouchoirs"). Et Jennifer Lawrence, qui occupe 85% de la pellicule (au bas mot), ne provoque jamais l'empathie. Balot quand on sait que sa vie est censée être en jeu. Pas un problème d'acteur (ou alors de leur -non- direction), plus un problème d'écriture.
Donc finalement, je fus déçu en sortant de la salle. Mais pas pour les raisons que vous pouvez penser, mais parce que mon moral n'est pas descendu aussi bas que je l'espérais. Le film est finalement infiniment meilleur que cet étron filmique qu'était le premier, sans être le film de l'année, on est d'accord.
Vu que c'est le coeur de cible, je pense qu'il est toujours préférable d'amener ses ados voir des films d'actions avec des (très très très légers) sous-textes politiques, que ceux avec des sous-vêtements de vampires et de loup-garous.
Mais ce n'est que mon avis.