Je dois avouer que j'ai toujours eu un petit faible pour la saga Hunger Games. Serait-ce générationnel ? Ma foi, ayant davantage vécu avec les films Harry Potter, je serais tenté de dire que non. Probablement est-ce-dû au côté battle royale mâtiné d'un propos politique assumé. Certes, on est sur du film pour ados et ce n'est pas très subtil, mais il suffit de voir ce que la saga a eu en face d'elle pour savoir pourquoi elle truste le podium sans aucune difficulté.

Bref, toujours réalisé par Francis Lawrence, derrière la caméra depuis le deuxième épisode, La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur est surtout une préquelle se déroulant plus de 60 ans avant le premier épisode de la saga, centré autour de l'origine des jeux, mais surtout de Coriolanus (Corio ?… drôle de nom) l'antagoniste principal de la tétralogie, sur sa mutation en grand méchant.



Première particularité, le film n'a pas juste une partie présentation des personnages puis une partie jeu (comme pour les deux premiers films quoi), mais en possède une troisième, bien plus longue, et avec un ton complètement différent.

Et justement, il faut accepter certains choix, certains partis pris. Comme Lucy Gray (Rachel Zegler), la « copine » de Coriolanus, qui se présente en chantant… le côté Disney/comédie musicale n'est pas très loin (à noter qu'elle a chanté toutes ses chansons en direct). Il y a beaucoup à accepter entre ça, mais aussi l'absence de sang (autant vous prévenir tout de suite). Par contre, je trouve pertinent le coup de vouloir faire une sorte d'« anti-Katniss » à travers ce personnage. Ce n'est pas une femme introvertie qui s'est préparée en amont pour les jeux et qui sait se faire discrète… mais une artiste à la tenue bariolée, qui joue bien plus sur la manipulation, la ruse psychologique, pour arriver à ses fins. Seul point commun entre les deux : la chanson The Hanging Tree, qui renvoie forcément au chant de Katniss dans Hunger Games : La Révolte, partie 1, dont on apprend ici qu'elle en est à l'origine. Curieusement, le film arrive à bien jouer sur les similarités qu'ont les deux protagonistes du récit, malgré le fait qu'ils viennent d'endroits complètement différents. Dommage que Coriolanus ne semble pas touché tant que ça par le chant dans les films de 2014 et 2015. Ah si, maintenant que j'y pense, le coup des « pommes de terre des marais » que Lucy renomme subtilement « Katniss »… bon, je suppose qu'il y a un sens caché à tout ça, une certaine subtilité (j'espère), mais quand même, ça sonne très con !

Et justement, comme déjà indiqué plus haute, une fois arrivé à la troisième partie, celle avec tout cet approfondissement autour du lore justement, avec tous ces appels du pied un peu facile aux originaux, le film perd en intérêt, il devient con. On est presque devant un autre long-métrage… et le côté film pour ado se fait davantage ressentir. Lors de cette partie-là (pourtant la plus longue), le long nous mène là où on s'attend à ce qu'il nous mène, avec de gros sabots, sans la moindre subtilité. On perd encore plus en profondeur, les personnages passent de l'amour à la haine en moins de deux.


Le film a toutefois un propos, dit quelque chose, ne serait-ce que grâce aux lieus présentés, notamment lors de la première partie. On retrouve en partie le côté ville américaine des années 60 (voitures, format des écrans…), ainsi que le traditionnel renvoi à la Rome antique chère à la saga, mais on retrouve surtout une architecture qui n'est pas sans rappeler l'Allemagne (le film a été tourné dans ce pays et en Pologne), et ce, dès la courte introduction, qui donnerait presque l'impression de se retrouver à Berlin en 1945 alors que la glorieuse mère patrie était à ses portes.

Au niveau de l'architecture et des lieux filmés, justement, le film arrive à nous montrer de nombreux lieux, tous symboliques, très brutes, très froids, renvoyant au côté dystopique de l'univers. La statue de la dame aux deux épées, présente au Capitole, contraste avec l'image qu'on a de celle de la Justice ou de Liberté : elle regarde droit devant, les deux épées levées, prête à agir, à l'image du Capitole vis-à-vis des districts qu'il écrase. Dans un autre registre, les tributs des districts sont ici enfermés dans une cage de zoo, renvoyant directement aux zoos humains. Enfin, la salle de classe prend la forme d'un panoptique, suggérant que même les étudiants sont constamment surveillés, qu'ils ne sont jamais réellement à l'abri. On notera donc, rien qu'avec les trois lieux cités, que la surveillance est omniprésente : avec la salle de classe panoptique, forcément avec le zoo, mais aussi avec cette statue qui nous indique, à l'inverse de celle que nous connaissons, que la justice et la liberté n'ont pas leur place ici : l'équilibre n'est plus, seule la force reste.

Outre les lieux, et outre la traditionnelle critique de la société du spectacle (davantage présente ici), présente dès le premier épisode de la série, La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur, en plus du duo Coriolanus/Gray, oppose ce même Coriolanus, pragmatique, à un soi-disant meilleur ami, Sejanus (Josh Andrés Rivera, qui ressemble beaucoup à Vincent D'Onofrio), bien plus idéaliste et moralisateur. Dommage qu'on sache exactement ce qui va se passer avec ce même Sejanus dès le début de la troisième partie. Dommage aussi que le film ne s'attarde pas plus que ça sur le rôle des rebelles. Reste le débat autour de l'utilité des Hunger Games, débat sur lequel Coriolanus a très vite son mot à dire, prouvant qu'il a toujours été un peu une merde au fond de lui… peut-être pas la pire du lot, mais une merde quand même. Et effectivement, si vous vous attendez à voir toute la vie de Coriolanus défilé durant ce film, vous allez être déçu : le long s'attarde sur une très courte partie de sa vie seulement (si on exclut l'introduction).


Niveau acteur, on aimera ou non Viola Davis qui en fait des caisses en tant qu'(énième) antagoniste du récit, même si on se doute bien qu'elle a fini par déteindre sur le Coriolanus campé par feu Donald Sutherland (d'une certaine manière, ses derniers mots au cinéma sont dans ce film). Peter Dinklage reprend son rôle de nain stratège et alcoolique qu'on avait déjà vu dans GoT… pas très original… même si j'apprécie l'ironie qui le concerne, lui et les jeux, son rapport avec Snow père puis Snow fils, le fait qu'il « ait créé » les deux en quelque sorte. Jason Schwartzman, m'a plutôt déçu, me donnant l'impression de jouer une sorte de Caeser Flickerman bis (Stanley Tucci). Enfin, on notera la présence d'une actrice trisomique, chose encore trop rare aujourd'hui (seul Artus semble me donner tort), qui n'est pas là pour faire de la figuration, et dont l'utilisation en tant que tribut ne fait que renforcer le côté malsain des jeux.



Bref, ma foi, ce n'était pas mauvais, j'ai même été plutôt agréablement surpris. Surtout que contrairement aux autres films de la saga, cette Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur peut très bien être vu sans avoir regardé les autres films de la série. Reste qu'il faut accepter le côté « film pour ado », « dystopie pour les nuls », ainsi que la mise en scène un peu fadasse de Francis Lawrence (bon là, pour le coup, si vous avez vu la tétralogie, vous êtes déjà au courant).

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il y a 4 jours

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MacCAM

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