Fin d'une saga en demi-teinte, entre survival ripoliné et conspirations intéressantes mais balourdes, Hunger Games la Révolte Partie 2 ne se démarque que très peu de son grand frère dont il recopie les longueurs et l'action en mode mineur. Ni meilleure, ni moins bonne, cette Partie 2 se laisse voir, comme on finit un livre moyennement intéressant afin de ne pas mourir idiot et d'en connaître au moins la fin.
On se retrouve donc avec un clonage de la première partie. Le rythme est aussi fluctuant et erratique. Les décors, eux, sont très peu inspirés une fois enterrés. L'action, quant à elle, aussi rare que brève. Après une heure de film, c'est simple, il n'y aura eu qu'une inondation de dark gloubiboulga. Quelle misère ! Ou quelle radinerie, au choix. La scène suivante dans les égouts se limitera à une rapide attaque d'hommes-chaussette-blanche sortis de nulle part, que le président Snow a certainement dû élever dans le désespoir de la perte de leur partenaire de paire suite à un lavage en machine assassin. Enfin, il y aura UNE scène de bombardement de civils assez fugitive et aux conséquences tout aussi tragiques que sans aucun sens
(mais que pouvait bien fabriquer Prim ici bon Dieu ? Surtout qu'elle est de la résistance !).
Aucune véritable scène de guerre à l'horizon, alors que celle-ci fait normalement rage à mesure que les rebelles sont censés se rapprocher du Capitole. Or, Francis Lawrence opte pour un total refus d'obstacle en choisissant un hors-champ systématique, faisant passer la violence en mode mineur et complètement aseptisé. Ca lui permet aussi de ne pas se casser la tête dans de grandes scènes de foules et à logistique explosive emmerdante à gérer. Et si par malheur, un membre de l'escouade venait à sauter sur une mine, quelques plans tronqués aideront à faire passer le malaise et on pourra filmer plein écran car il n'y aura pas même une goutte de sang. Hein ? Quoi ? Aseptisation ? Si c'est vous qui le dîtes...
Le scénario enchaîne enfin les incohérences et les apparitions gratuites de personnages, faisant même passer le fait que le Geai Moqueur ne prendra pas la tête de la résistance, mais celle d'une équipe filmant des lieux bien vides et sans cadavres pour la propagande des gentils qui veulent mettre à mal le vilain système méchant pas bien. Comme dans le premier, quoi. Le réalisateur laissera donc une place de choix aux atermoiements amoureux de l'héroïne, mis en avant par le scénario artificiel qui réunira ses deux soupirants dans son escadron-caméra et qui ne se sauteront jamais à la gorge pour les beaux yeux de Jennifer Lawrence. Pour tout dire, ils feront presque amis-amis dans une discussion nocturne pas du tout attendue...
Mais je serais de mauvaise foi si je ne retenais que ces mauvais points, ces approximations et cette radinerie générale. Car La Révolte Partie 2, c'est aussi une certaine réflexion, assez simpliste mais qui a le mérite d'exister, sur le politique et l'utilisation de la propagande. Ainsi, les sillons des thèmes du premier épisode sont creusés de manière un peu plus profonde et ce dernier Hunger Games y ajoute un aspect plus sombre et une image assez mortifère : celle de la manipulation sans vergogne de toute une génération perdue qui croit et défend un idéal pour lequel elle a tout donné. Loin de l'histoire d'amour neuneu, c'est d'abord un étrange sentiment de vivre une vie pour laquelle d'autres ont décidé qui prévaut, marionnette d'intérêts supérieurs dans lesquels on ne se reconnaît plus.
C'est ce feeling assez désespéré, singulier dans une telle production adolescente, qu'il faudrait retenir de ce film, où après la "guerre" et le sacrifice, il ne reste rien dans les ruines, la cendre et la neige, hormis un "tout ça pour ça" que le spectateur pourra peut être reprendre à son compte, lui qu'on aura forcé à passer deux fois à la caisse alors qu'un seul film de deux heures trente, débarrassé de son faux rythme et de ses parties souterraines, était largement envisageable.
Mais j'oubliais l'éternel refrain : ♫ Qu'ils viennent, jusque dans nos bras, acheter leurs tickets et du pop corn gras...♪
Behind_the_Mask, résigné.