Je crois que quelque chose a changé dans ma perception, certains clichés, certains biais culturels, certaines façons de raconter des histoires, certaines représentations, certains "mythes", une certaine manière de construire des films, à l'instar de la fabrique du consentement, et tant d'autres choses du même acabit, me semblent désormais étrangers, comme si la sauce que je mange, de fait, depuis que je suis né, à force de gavage permanent, m'était devenue fade, terriblement pauvre, lointaine, presque "étrangère".
Je me disais, à la lecture d'un synopsis, trompeur, comme ils le sont par nature, que ce film allait receler quelque chose d'à priori intéressant, énigmatique, peut être surprenant (je suis optimiste...). La seule chose surprenante à sa vision, c'est que c'est un film qui n'est absolument, mais alors pas du tout, nullement, en aucun cas, surprenant.
Tout y est presque banalement, téléphoné, stéréotypé, figé, plat, terne, basique, sans affect, sans âme ...
L'histoire, n'en est pas une. Le poteau rose arrive direct, ce qui permet au quidam de ne surtout pas trop se poser de questions.
Le scénario, bon, là, je passe, rien à dire sur pas grand chose, du coup.
La réalisation, les images, sont cliniques, techniquement propres, standards.
Ne cherchez aucune imagination de ce côté là non plus.
Les acteurs sont des robots, froids, et campent des personnages tellement attendus, tellement vus, tellement racontés, tellement banals, si archétypaux, que j'y ai vu des marionnettes désincarnées, surtout Ben Affleck, dont le jeu, les expressions corporelles, sa manière de se mouvoir et de parler, sonnent creux, comme si il n'y croyait pas, lui même (je suis encore optimiste).
Ajoutez à cela une photographie terne, neutre, et des plans, enchainant des poses, mécaniques, mollement montés... et, par moments, Ben se statufie, presque, tel une pâle copie de cire au Musée Grévin (Si il n'en n'existe pas déjà une ... toujours optimiste).
Peut-être est-ce une œuvre crée par une IA?
Je m'avance, mais ce film m'a laissé une impression bizarre, tellement il est insignifiant, dans sa forme, et dans le fond.
D'ailleurs, la sensation de vide, après cette expérience cinématographique, est assez vertigineuse, abyssale.
Cette sensation là est inutile.
Celle, tout aussi étrange et insondable, que laisse le dernier film de Cronenberg, est, quant à elle, puissante, lucide, salvatrice.
Là est toute la différence.