On vous prévient : Hypnotic est un nanar. Mais pas un navet, pour notre part. Les rares tentatives d'effets spéciaux font penser à un Inception passé sous le logiciel Solidworks (une séquence "ferroviaire" en particulier est bien moche), le scénario repose sur une série de trente twists (on n'exagère même pas... C'est absolument indécent) qui nous laissent le temps de râler que tel élément est complètement absurde, puis nous tirent le tapis sous les pieds avec un ricanement lointain, jusqu'à une scène post-générique qui nous en remet une couche ("Alors qu'en fait : non !", trente-et-unième twist du nom). Alors voilà, on compatit entièrement à ceux qui vont y voir un navet ennuyeux et compliqué pour pas grand chose, mais de notre côté, on a basculé en mode "amateur de nanar juteux", et on s'est régalé, ne voyant pas le temps passer et profitant de l'intrigue avançant avec ses gros sabots (les santiags taille 47 de ce cher Robert Rodriguez). On sauve même la musique tendue, les acteurs (Ben Affleck et Alice Braga en tête) qui sont investis dans leur rôle, l'action qui est au rendez-vous, la durée qui est très concise (1h20 sans le générique), une générosité sur les rôles féminins (on avait peur d'avoir "un film de mecs", on s'est trompé, le papa de Alita est aux commandes, et cela se sent) et finalement une histoire qui tient la route. Avec une finesse d'éléphant dans un magasin de porcelaine, Rodriguez nous livre un thriller à twists qui agace fortement au début (on est trompé toutes les cinq minutes), puis vous laisse le choix de le prendre pour ce qu'il est (un film de petit malin qui abuse du système "Inception" jusqu'à en être drôle et régressif) ou pour ce que vous voulez qu'il soit (juste un bon film solide, et là, vous allez vous ennuyer). Alors, puisqu'il faut être soi-même dans un état second pour apprécier ce Hypnotic, sortez donc un bon pack de bières, quelques potes bon public, poussez vos tongs hors de vos pieds, et laissez-vous hypnotiser par le pouvoir du Nanar Involontaire. Et sinon, Alita 2 et Machete dans l'espace, c'en est où, Robert ?