Netflix, Netflix, Netflix... Comme toute nouveauté, l'effet de mode arrive d'un coup et repart tout aussi soudainement; si les séries continuent encore de faire du bruit (encore que les estampillées Marvel tombent de haut), les films représentent la partie Leader Price des sorties directes en VOD. Entre les Death Note, War Machine et autres Bright, autant dire que la célèbre chaîne américaine n'a pas la meilleure réputation qui soit, ni les artistes les plus complets que l'on peut trouver dans le métier.
Devait donc sortir iBoy au milieu de toutes les daubes que le cinéma de divertissement américain aura pu nous fournir l'année dernière; et si le concept de base est relativement nanardesque, le résultat final est loin de la daube escomptée. Certes pas d'une grande qualité, ce petit teen movie sans prétention ne pourra pas égaler ses sinistres prédécesseurs dans l'agacement d'un public déjà bien lassé par les long-métrages d'une plate-forme qui manquent clairement de travail.
Et s'il n'est pas voué à changer les choses, à apporter une pierre à l'édifice des films de super-héros, iBoy sait relativement faire ce qu'il fait, le fait ma foi plutôt bien; réunissant à peu près tous les clichés du film pour adolescent(e)s, il respecte son cahier des charges et se permet même d'y ajouter quelques détails what the fuck et saugrenues.
Si l'histoire d'amour développée dégoulinera de niaiserie, le concept même du film amènera à l'un des plus étranges développements de pouvoirs vus dans les films de super-héros modernes; on y appliquera plutôt le concept de Vigilante, le protagoniste se qualifiant plus comme un justicier que comme le bon samaritain de service. Tout aussi héroïque et exemplaire qu'il nous est présenté, l'on n'oubliera finalement pas qu'il n'est devenu méta-humain que parce que c'est un lâche, pis qu'il s'attaque au crime seulement pour conquérir les yeux (du haut comme du bas) de la petite Arya.
Voilà un protagoniste des plus humains (représentation parfaite de l'adolescent travaillé par ses hormones, qui plus est) torturé par des manifestations d'énergie à la photographie Lucyenne (pas la meilleure qui soit, donc), quelques incrustations de discussions rappelant vaguement les Jaume Collet-Serra periode Liam Neeson (Non Stop et Passenger, principalement) et qui n'ont aucun sens dans leur déroulé narratif.
Le p'tit Bill Milner découvre ses pouvoirs en même temps que nous, et semble tout aussi perturbé par le manque de logique terrible du scénario; mais il y a ce côté léger rafraichissant dans le petit iBoy, sorte de ton grave atténué par la débilité de ses idées, et le je-m'en-foutisme assumé de ses scénaristes shootés. Il tentera donc de rendre son acting crédible, avec sa gueule atypique changeant des habituels critères de beauté insupportables visant à plaire aux gamines de 14 ans; accompagné de la sympathique Maisie Williams (idem que pour Bill, version jeunes mâles), ils feront face à la bande la plus clichée qui soit, évidemment menée par la grande gueule nazie du bahut, lâche de surcroit.
Tous ces clichés, menés avec une certaine sincérité par l'équipe technique qui semblait croire à leur délire cosmique, en plus des deux gueules d'affiche (même si l'on ne s'appesantira pas sur le niveau Photoshop collégien du poster de promo) et de la pub la plus ouverte qui soit à la marque Appel (commencé par de la promo dans un titre, c'est quand même un tour de force) assènent un certain charme à l'ensemble, n'enlevant pas ses mauvais côté mais transformant ses défauts les moins prononcés en sympathiques traits d'une oeuvre certes sans utilité, mais qui divertit tout autant qu'elle est prévisible et what the fuck.
L'on n'aura presque jamais vu trip si perché dans les productions super-héroïques indépendantes et en même temps aussi classique dans sa mise en scène et son schéma narratif; un drôle de mélange faisant d'iBoy l'un des Netflix les plus agréables à voir, seul ou en soirée. Mais rappelons tout de même aux scénaristes en herbe qui voudraient se lancer que l'abus de cocaïne est dangereux pour la santé.