Le pitch est connu, pour ne pas dire défraîchi : la naissance d’un super-héros. Épargnons-nous toute glose sur l’aspect irréaliste de la fusion cerveau/débris de smartphone, relevant du fantastique, un superpouvoir est par nature inexplicable. Le super-héros est l’avatar moderne du demi-dieu antique. Plus intéressante est la question de l’usage qu’il fera de ses dons. Résistera-t-il à la tentation de la toute-puissance, de l’hubris ? À l’opposé du manichéisme récurrent des productions Marvel, la frontière entre un “véritable“ super-héros et un super-méchant serait ténue et varierait selon les circonstances.
Le scénario est une reprise du Lucy de Besson : une jeune femme agressée se découvre un pouvoir et se venge de dealers, or, ses possibilités s’avèrent illimitées… Il présente néanmoins trois différences :
- Jadis incarnée par Scarlett Johansson, le rôle de la victime est scindé en deux. Impuissant, Tom Harvey (Bill Milner) a assisté au viol de son amie Lucy (Maisie Willimas). Gravement blessé, il se métamorphose en Iboy.
- La cible est adulescente, les acteurs sont jeunes et accessibles. On oublie les stars, la sculpturale Veuve Noire ou l’Apollon Thor, l’identification s’en trouve facilitée. Lucie est petite et boulotte, Tom mince, efflanqué et effacé. Ils jouent mal, certes, mais leur inévitable romance y gagne en vraisemblance.
- Moins ambitieux que Besson, Adam Randall borne son propos à une cité londonienne, prenant le temps de nous la rendre familière. Ses dealers sont crédibles, petites frappes et apprentis voyous dépassés par leur propre violence.
Iboy remonte le réseau et est confronté à son chef. Randal hésite entre le blockbuster fantastique et la critique sociale. Oui la misère existe, oui la tentation de l’argent facile est grande, oui l’orgueilleuse et impudente City est toute proche… Pour un film du dimanche soir et sa clientèle adolescente, le tout manque tragiquement d’humour.