Princesse déchue
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le 2 janv. 2022
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Quatrième documentaire que je vois dans le cadre du Festival Millenium, festival de documentaire organisé dans plusieurs cinémas à Bruxelles, j’ai désormais une vision qui n’est pas nécessairement exhaustive mais en tout cas, elle est variée.
J’ai ainsi pu découvrir ‘Room with a view’ : un documentaire sur la Kalafa, le système d’exploitation (littéralement) des travailleurs domestiques, un documentaire somme tout assez classique comme ceux que l’on voit à la télévision. J’ai vu ‘Game of Truth’, un épatant documentaire sous forme d’enquête journalistique sur la guerre civile en Irlande du Nord et dont j’ai fait une critique très élogieuse il y a quelques jours. Ensuite, j’ai découvert le peu intéressant ‘The beauty of being’ sur un naturaliste estonien. Enfin, je viens de découvrir ‘I am chance’, un documentaire tendre sur quatre jeunes filles errant dans les quartiers pauvres de Kinshasa. Ces quatre documentaires montrent la grande variété de documentaires et témoignages proposés par ce festival, et plus largement du genre documentaire en lui-même.
‘I am Chance’ raconte la vie mouvementée d'un groupe de jeunes filles vivant dans les rues de Kinshasa. Vivant dans la rue, Chancelvie et ses amies affrontent le monde et ses difficultés avec sourire et résilience. Elles volent mais se partagent le butin, font des passes mais aussi de l'art.
‘I am Chance’ est une photographie instantanée de Kinshasa, ville de contrastes. Le première chose qui frappe est que la capitale de la République Démocratique du Congo est une ville surpeuplée, bruyante, en perpétuelle mouvement. Sans pittoresque et sans faire des cartes postales, le documentariste décrit une ville colorée et assez pop. Mais derrière ce vernis, se cachent une réalité tout autre. Les rues sont sales, il faut voir les impressionnants amoncellements de déchets notamment après une inondation. Il est plusieurs fois mention des richesses du pays, notamment en termes de matières premières. Mais on comprend qu’elles ne sont pas redistribuées dans ces quartiers délabrés et crasseux. Bonne idée que de ne pas faire un tour ‘chez les riches’. On reste immergé dans ces quartiers défavorisés.
N’oublions la visée première du documentaire. Il s’agit avant tout d’un portrait de groupe : celui de quatre jeunes filles des rues, que l’on appelle là-bas des « phaseurs ». Ce sont de jeunes hommes ou femmes qui errent dans la ville, à la recherche d’argent, de nourriture, d’eau. Ces quatre jeunes filles ont un quotidien pour le moins pénible, puisqu’elles dorment dehors, se prostituent pour survivre et sont victimes de la violence de gangs quand elles ne sont pas violées. Mais à l’instar de la Kinshasa, ces quatres filles sont de purs paradoxes. Malgré leur misère, elles sont joyeuses résilientes. Le documentariste s’attarde particulièrement sur une d’entre elles : l’attendrissante Chancelvie (un prénom désormais assez ironique). Elle a 15 ans, est enceinte, à la fois drôle et abrupte, capable de tendresse mais parfois de violence.
Marc-Henri Wajnberg souligne la « caïdisation » de ces jeunes filles, forcées à se battre pour survivre, à voler pour manger. Il porte un regard assez tendre et sans doute ému sur ces jeunes filles. Ca pourra en énerver certains, mais j’ai trouvé que cela faisait du bien que pour un sujet aussi dur, un documentariste fasse le choix de la bienveillance, de la douceur, plutôt que du misérabilisme et du sensationnalisme. Cette approche m’a rappelé le documentaire ‘Les Pépites’, dans lequel Xavier de Lauzanne avait un regard similaire sur un orphelinat au Cambodge.
‘I am Chance’ est un documentaire qui nous émeut et comme pour un film de fiction, on se met à rêver de ce qui pourrait advenir à ces quatre jeunes filles, avec espoir mais sans illusions. A la fin le documentaire esquisse une suite relativement heureuse pour l’émouvante Chancelvie : la perspective d’intégrer un foyer pour jeunes mères célibataires. Elle ne vivra plus dans la rue. C’est déjà ça. On a les larmes aux yeux.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les films que j'ai vu au cinéma en 2022
Créée
le 15 mai 2022
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