Disons-le tout de suite afin de nous débarrasser de ce qui fâche, ce film, présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes et sortant en salles à la fin de l'année, file l'allégorie et la métaphore durant 1h30, ce qui peut finir par lasser tant la ficelle (Jeu de mots de haute volée Laurent Ruquier que vous comprendrez dès les premières minutes du film) est épaisse.
Mais on pardonne volontiers ce péché de jeunesse à Rungano Nyoni, actrice et réalisatrice d'origine zambienne, tant son premier long déborde de générosité et d'envie de cinéma. Cette femme de 35 ans déclare son amour à un continent autant qu'elle dénonce la corruption et les traditions dévoyées qui le gangrènent, ose le récit défragmenté, le comique quasi-burlesque au sein du pur drame qui tisse sa toile, des plans d'une beauté fulgurante, sophistiqués à l'extrême, tranchant avec la globalité de sa mise en scène, littéralement à plat, sans le moindre effet, du Vivaldi et du Schubert en mode grosse cavalerie.
En résumé, "I Am Not a Witch" est certes une œuvre militante, un traité féministe utile, mais aussi et surtout un geste cinématographique réjouissant, émouvant et excitant. Mademoiselle Nyoni est encore maladroite, désordonnée, en équilibre fragile mais elle donne tout, trop, et rien que ça, c'est beau.