Il ne faut pas longtemps pour comprendre que "I comme Icare" est une reconstitution de l'assassinat de John Kennedy en 1963, jusque dans ses moindres détails. Verneuil, à moins que ce soit Montand lui-même, ont surement eut un coup de sang à l'annonce des conclusions grotesques du rapport Warren aux Etats-Unis sur les raisons de l'assassinat du président. Ce film illustre 12 ans avant le "JFK" d'Oliver Stone (qui sera un remake de celui-ci) les conclusions du procureur Jim Garrison. Mais Verneuil craignant surement des procès n'a pas osé utiliser les véritables noms des protagonistes et des lieux et inventant un état fantoche, mais personne n'est dupe. D'ailleurs Henry Kissinger, ancien secrétaire d'état des Etats-Unis participa en tant que conseiller technique à l'élaboration du scénario sur la reconstitution de l'assassinat du président. Indubitablement, Henri Verneuil en réalisant ce film chasse un peu sur les terres du cinéaste Costa-Gavras.
Cependant malgré son sujet, le film n'est pas vraiment à classer dans les grands films du réalisateur. On a même du mal à croire qu'un réalisateur de sa stature ai pu réaliser le début de ce film tellement c'est mal fait: mauvais cadrages, mise en scène molle, très mauvais dialogues et une direction d'acteur absente où ceux-ci semblent presques improviser en direct comme dans une mauvaise pièce de théâtre. Bizarrement cela ne dure pas et le film s'améliore de scène en scène. Surtout à partir de la reproduction de l'expérience Milgram faite dans les années 60 à l'université de Yale. Initialement, c'est le sujet de cette expérience qui est à l'origine du film. Milgram rencontrera Verneuil et Montant lors de la préparation du film et mit à profit du film son expérience. Cependant Verneuil faussera la conclusion des 63% de cobayes allant jusqu'à administrer la dose mortelle. Ce résultat dépend beaucoup de comment la mise en scène de l'expérience est faite. Pour celle montrer dans le film, avec une victime visuellement présente en face du cobaye, le résultat est généralement autour de 30% seulement. Mais dans le cadre d'un jeu télévisé reproduisant l'expérience, comme "Le jeu de la mort" en 2010 sur France Télévision, le résultat à pu dépasser les 80% !
Verneuil brodera le reste du scénario autour de cette expérience. Mais la concordance entre l'expérience et l'enquête de l'assassinat ne match pas vraiment, puisqu'il n'y a pas vraiment d'arc narratif commun entre les deux. Mais on termine le film néanmoins avec une bonne impression, qui rattrape un début catastrophique.