I Declare War est un film d'action plutôt atypique puisque les "guerriers" sont ici un groupe de jeunes qui jouent dans les bois en prenant leur jeu de capture du drapeau très au sérieux. Leurs armes à feu sont des bâtons, mais dans leur imagination, ils deviennent des fusil d'assaut ou des shotguns, et les grenades qui sont des armes mortelles, sont ici des ballons remplis d'eau avec de la peinture rouge.
Les deux réalisateurs Robert Wilson et Jason Lapeyre ont fait le choix audacieux de montrer les armes dans ce film comme si elles existaient réellement. Le potentiel de cette imagerie assez déstabilisante est plutôt bien géré, les cinéastes prenant toujours soin de rappeler à l'auditoire qu'ils regardent des enfants jouer, et que les armes ne sont que de la fiction. Cependant, le jeu de domination et les manipulations désagréables des enfants les uns envers les autres sont, d'autre part, bien réels.
Mais dans l'ensemble, I Declare War est si incroyablement doux et honnête au sujet de l'enfance qu'il serait mal venu de se fourvoyer sur les intentions de ce métrage.
Ce qui rend ce film si extraordinaire est l'efficacité de l'artifice et comment il est facile d'accepter la fantaisie et de s'investir dans les enjeux de la partie. Les enfants peuvent jouer à la guerre, mais leurs émotions, leurs allégeances et les luttes intestines sont toutes réelles.
En gros, on a ici l'opposition de deux chefs de clan, l'un d'eux est PK, (ce qui peut se traduire par Patton-Kulte, joué par Gage Munroe), un gamin blond habité par une obsession de l'histoire militaire. L'opposition est dirigée par Skinner (Michael Friend), une sorte de mini-Colonel Kurtz qui prend le contrôle de son équipe par la force et gouverne avec une poigne de fer.
Skinner est colérique et sans pitié, on le voit notamment dans une scène de torture d'un des "haut-gradés" de l'autre clan, où la foi du prisonnier envers son chef est rudement mise à l'épreuve.
Dans ce film, un seul personnage féminin, Jess (Mackenzie Munro), mais il s'agit peut-être du personnage le plus intéressant dans l'ensemble du film. Elle a le béguin pour l'ancien chef du clan de Skinner, renversé par son coup d'état, mais ses motifs ne sont pas si simples et on prend un malin plaisir à voir se déballer son réel caractère à mesure que l'intrigue avance.
Dans l'ensemble, I Declare War peut nous faire penser à des références évidentes, comme Sa Majesté des Mouches, Battle Royale et Hunger Games, mais ce serait une façon très réductrice de résumer ce film. Car on y retrouve également la brutalité combinée à la camaraderie des films de guerre de Sam Fuller, mais aussi l'honnêteté de films tels que Stand By Me ou Les Rois de l'été.
Les réalisateurs canadiens glissent aussi quelques références bien senties à l'impérialisme militaire américain, notamment par le biais de scènes de torture. Les cinéastes ont clairement eu l'intention de tourner un film à la portée très ambitieuse et voulaient toucher à une grande variété de thèmes, mais finalement, les relations entre les enfants, qui sont le cœur du film, sont le plus important ici, et force est de constater que le film se suffit à lui-même dans ce registre-là, sans parler de sa fidélité envers notre fibre enfantine, qui constitue son plus gros point fort. En bref, un film qui saura, à coup sûr, toucher l'enfant qui sommeille en chacun de nous.