Deux bandes de gamins dans une forêt s’adonnent à ce qui est pour eux un rituel : un « jeu de la guerre » très codifié façon paint ball où il s’agit de capturer le drapeau ennemi pour être vainqueur. À la tête des deux bandes, deux petits génies de la stratégie qui vont tout donner pour se départager. Seulement, la quête personnelle de vengeance d’un des garçons va tout faire basculer. À mesure que les sentiments personnels et les vieilles rancœurs vont s’en mêler, le « jeu » de la guerre va prendre une tournure beaucoup plus sérieuse... Et un poil plus violente.
I Declare War fut une excellente surprise pour moi. C’est un film presque entièrement basé sur ses personnages et leurs interactions. On saluera au passage la performance des jeunes acteurs, qui parviennent à être parfaitement convaincants dans leurs rôles respectifs. I Declare War, c’est la présentation (dans un microcosme) de tous les types de personnalités qu’on peut trouver au cours d’un conflit, et plus généralement, au cours de la vie elle-même : le leader froid prêt à sacrifier des vies pour gagner à tout prix, le naïf facilement manipulable qui veut briller, la brute pleine de ressentiment dont la folie s’avère dangereuse. Un petit monde sans compromis où les amitiés et les petits sentiments amoureux sont vite instrumentalisés, tordus et finalement émiettés au nom des objectifs de chacun. Le film ne tombe jamais dans la facilité des très gentils contre les très méchants ou du clicheton de l'enfance forcément pure et innocente : le fait d’avoir fait jouer des enfants pour représenter ce spectre des archétypes humains et des schémas relationnels dans un conflit le souligne. Le spectateur demeure totalement libre d’analyser chaque personnage et de se faire son propre avis ; perso, je dirais que ce film est plutôt un anti-Rousseau : pas besoin de culture pour nous pervertir, nous le sommes déjà naturellement dès le plus jeune âge ! Chaque personnage du film a sa dose de dégueulasserie, et les plus horribles ne sont finalement pas ceux qu’on croit...
À part cela, que peut-on reprocher à I Declare War ? Peut-être un certain pragmatisme, celui de servir son propos puis de s’en aller, un certain classicisme aussi peut-être. Le film ne pousse jamais dans la noirceur des situations qui auraient pu l’être, on n’aura donc pas un Ça façon Stephen King. De toutes façons, cela ne devait pas être l’objectif des réalisateurs. Un film sur la guerre, sans guerre, sans obus et giclures de sang, mais avec de la peinture, sans dictateurs déments, mais avec des chefs en culotte courte tout aussi machiavéliques. Comme quoi, pas besoin de champs de bataille ou de camps de concentration pour (dé)montrer que le pire de l’Homme peut se révéler n’importe quand...