Une anecdote pour commencer.
Les premières fois que j'ai entendu parler de ce film (et je dis bien parler, car c'est important), je me suis dit "tiens, dans la droite ligne de Michael Moore ou Supersize me, un film "engagé" qui va taper sur l'industrie du tabac".
On est conditionnés quand même, hein ?
Bon, à un "L" près, c'est Phillip Morris et non pas Philip Morris.
C'était la minute nécessaire (ou pas) de Mr Cyclopède.
Le film lui-même, donc.
Alors déjà si, comme moi, vous êtes assez bêtes pour lire des critiques avant de voir un film et si, comme moi, vous avez une perception différente de certains films suivant leur... Je ne sais pas comment dire ça. Crédibilité ?
Enfin bref, sachez que ce film est inspiré d'une histoire vraie.
Je ne doute pas que ce soit romancé pour le passage à l'écran mais, de ce que j'ai lu ici ou là, apparemment la "vraie" vie de Steven Russell était aussi romanesque pour ne pas dire rocambolesque, sinon plus.
J'ai passé toute une partie à me dire "bon sang mais où veulent-ils en venir, ça ne mène pas bien loin tout cela".
Et puis les fameux petits textes en fin, expliquant ce que sont devenus tel ou tel personnage, m'ont mis le doute : et si c'était tiré d'un fait divers ?
Vérification faite, mon regard a changé du tout au tout.
Soudain, ce qui n'aurait pu être qu'un film franchement passable de romance gay, devenait une chronique de vie.
Trop banal et peut-être un peu mièvre pour une oeuvre de fiction.
Touchant et surprenant si on se dit que cette personne a existé (enfin, existe encore d'ailleurs).
De l'importance du contexte quand on regarde un film...
Ceci posé, ça n'en devient pas l'oeuvre incontournable de l'année pour autant.
Jim Carey, peut-être légèrement à contrepied, tient son rôle de bout en bout avec aplomb, en insufflant une petite dose de folie. Difficile de savoir la part qui découle de l'histoire "vraie" et ce que l'acteur ne peut visiblement guère s'empêcher de faire, mais ça allège grandement l'histoire, qui par moments en a bien besoin tant on peine à voir où le réal veut nous emmener.
Toutefois cette narration à deux tons, tantôt très sérieuse tantôt décalée, achève d'installer une espèce de... hmmm je ne dirais pas malaise, mais une sensation étrange tout au long du film, on ne s'y "installe" jamais vraiment en fait.
Ewan McGregor délicieux en un Phillip Morris gay et blond, est cependant un peu trop effacé pour moi par rapport au personnage de Steven Russel. On aurait aimé qu'il soit moins un prétexte à développer la personnalité de Russel, et plus un protagoniste à part entière.
Tout ceci est question de perception, mais c'est la mienne.
Je ne le note pas mieux car, finalement, il n'y a pas grand-chose qui dépasse.
Une réalisation somme toute très académique, servie par un duo d'acteurs parfaitement à l'aise et objectivement très bons, mais on ne retient pas d'élément particulier.
Pas de scène culte, pas de dialogue percutant, pas de bande-son à se rouler par terre.
C'est un divertissement honnête et émouvant, qui puise évidemment toute une partie de son charme dans l'originalité du thème de l'histoire d'amour homosexuel "pur", finalement assez peu abordé au cinéma, avec en bonus l'adaptation d'une histoire vraie.
Ça suffit à faire un bon film. Pas plus. Mais un bon film.