"How can I have a destiny?"

(critique sans spoiler)

I Saw the TV Glow est un film sur le cours de la vie de deux personnages (Maddy et Owen) dans les suburbs. Dans ce lieu, la vie est banale, morose, sans saveur, mais surtout insensée. Les personnages ne parviennent pas à donner un sens à leur existence. Ils sont passifs et voient (ou plutôt visionnent) leur vie défiler de manière bien trop rapide.

Mais si le film traite du cours de la vie de ces deux personnages, le véritable sujet est leur rapport obsessionnel avec le show TV The Pink Opaque. Contrairement au cours insensé de la vie, quand ils regardent The Pink Opaque, ils peuvent être transposés dans une autre vie plus simple et attirante, où ils ont un destin clair à accomplir.

En ce sens, le sujet du film peut inspirer tout le monde. Après tout, qui n’a jamais rêvé de fuir la réalité pour vivre dans son dessin animé préféré afin de vivre des histoires palpitantes? La télé, c’est la simplicité : on nous raconte une histoire pleine de sens, qu’on interprète à notre manière pour donner un sens à notre vie. Notre vie est liée à ce qu’on regarde, on s’inspire des shows qu’on adore pour décorer une réalité bien trop ennuyante.

Toutefois, les personnages seront rattrapés par cette vie sans saveur. Pas besoin de détailler la vie des personnages pour comprendre qu’ils sont en pleine détresse psychologique. On comprend cette détresse non pas par leurs actions ou bien leurs émotions, mais par leurs souvenirs et leur rapport avec leurs shows télévisés.

C’est là que la vie, en plus d’être ennuyeuse, est également cruelle. Elle ne détruit pas les personnages par des événements dramatiques et traumatisants, mais par l’érosion de bons souvenirs. Plus ils avancent dans la vie, plus ils se trouvent dans une détresse psychologique qui transforme ce qui était autrefois un show TV pour enfant en un film d’horreur. Ils n’ont plus aucun refuge et sont condamnés.

Finalement, je dirais que I Saw the TV Glow est un film sur la mémoire et notre rapport obsessionnel à l’art en général. J’ai rarement vu un personnage aussi touchant qu’Owen, qui souhaite pouvoir se comprendre et simplement regarder en lui-même comme dans The Pink Opaque.