Mats Steen était un joueur invétéré de World of Warcraft, qui nous a quittés en 2014 à cause de la maladie de Chardenne. A sa disparition, ses parents découvrent son autre vie à travers le jeu, une existence où cette fois il avait toutes les libertés que ne lui autorisait plus son corps.
Ce documentaire norvégien a été primé lors de divers festivals en 2024 dont Sundance, et bien évidemment, Netflix a mis le grappin dessus. Bien leur en a pris, car non seulement c'est une histoire touchante, mais c'est la preuve par le réel que le jeu peut être un formidable vecteur de socialisation. Durant ses 25 ans d'existence, Mats Steen perdait peu à peu ses facultés physiques, motrices, et son seul refuge était en quelque jeu de jouer à WoW à travers un avatar nommé Ibelin où il était l'inverse de ce qu'il était, lui permettant de rencontrer des amis, de jouer ensemble en ligne, de discuter, et même d'éprouver des sentiments face à un autre joueuse. Le tout sans rencontrer personne, car il ne voulait pas qu'on le voie ainsi.
La particularité de ce documentaire est que toute la partie consacrée à WoW se passe avec le moteur du jeu à travers des cinématiques créés spécialement par Blizzard, ce qui permet de recontextualiser les rencontres d'Ibelin face aux autres joueurs. C'est assez particulier, d'autant plus que ça n'est pas très beau et qu'on voit que le moteur graphique est vieillissant, mais l'émotion marche grâce au regard qu'apportait Steen, et dont on découvre qu'il a su toucher les gens, quand bien même il n'a jamais voulu parler de son mal.
On y trouve non seulement des archives filmées, mais aussi des entretiens avec ses parents, avec d'autres joueurs et joueuses de sa guilde, et on voit bien qu'à travers sa courte vie, Mats Steen aura su toucher les gens devant et en-dehors d'un écran. Quand bien même il souffrait le martyre, qu'il avait un équipement assez lourd pour jouer, avec un clavier adapté, il gardait constamment sa joie de vivre. Depuis sa disparition, c'est une personne qui est régulièrement célébrée dans WoW pour ses qualités humaines ainsi que son courage face à la maladie, et le mérite du documentaire est de mettre en avant que non, le jeu vidéo n'est pas une activité solitaire ; ça peut être une formidable occasion de se dépasser pour vivre autre chose.