L’unique intérêt à trouver à Ibiza est son duo d’acteurs principaux, fort d’une Mathilde Seignier hilarante et d’un Christian Clavier sympathique quoique caricatural, fidèle à un personnage qu’il composa autrefois et qu’il se contente désormais de décliner. Une poignée de situations cocasses nous font sourire, à l’instar des vendeurs de drogues ou d’attrapes-touristes qui se jettent sur Philippe et l’assaillent dès l’aéroport. Pour le reste, scénario faiblard, mise en scène propre sur elle mais utilitaire – elle ne dit rien en elle-même, ne fait qu’aguicher à la façon de ces clips pour les téléréalités que l’on connaît –, musique tonitruante dont chaque chanson remplit une playlist... Le pire étant le regard porté sur l’adolescence, ses préoccupations et ses égarements : les deux enfants s’avèrent horripilants et ne disposent d’aucune profondeur ; ils passent leur temps à aboyer, récitant piteusement le texte qu’on leur donne à jouer. La relation qui désunit puis unit la famille recomposée est traitée par-dessus la jambe, vidée de ses aspérités pour recycler les vieilles vannes usées jusqu’à la corde.
Nous apprécions néanmoins les zones de turbulences que traverse Carole (Mathilde Seigner), dont la répartie divulgue mal les préoccupations liées à son âge que son nouveau compagnon, tel un miroir, réfléchit par l’exagération : fatigué, ringard, routinier, pépère, Philippe apparaît aux yeux de Carole à la fois comme un modèle de stabilité et comme l’incarnation d’un vertige, celui de la vieillesse et du temps qui passe. Ces zones de turbulences restent de surface et se résolvent bien vite, d’un revers de main, de la même manière que les aristos bio bobos sont évacués, éclaboussés par leurs propres déjections.